Emplois, économie et environnement

Comme le président Biden, le premier ministre Trudeau devrait accorder la priorité à de bons emplois syndiqués

22 mars 2023

Par Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada tel que publié dans The Hill Times

Derrière les sourires et les poignées de main d’un président américain en visite au Canada se cachent de longues heures de négociations laborieuses. Les hauts fonctionnaires planifient le voyage à la minute près et se battent pour chaque point inscrit à l’ordre du jour. Un ordre du jour qui comprendra sans aucun doute le protectionnisme américain et les politiques « Buy American », les perturbations de la chaîne d’approvisionnement nord-américaine, et bien d’autres sujets.

Mais lorsque le premier ministre Justin Trudeau accueillera le président américain Joe Biden à Ottawa dans quelques semaines, il peut faire en sorte que ce sommet soit plus qu’un simple exercice de défense politique du Canada à l’égard de la loi américaine sur la réduction de l’inflation. M. Trudeau peut s’inspirer du programme de M. Biden et montrer l’engagement de son gouvernement à créer des emplois syndiqués qui aident les familles et renforcent les collectivités.

Au Canada, les efforts du président Biden pour renforcer le mouvement syndical et renverser des années de politiques antisyndicales n’ont pas été suffisamment discutés. Qu’il s’agisse de rétablir les droits de négociation des employés fédéraux, de protéger le droit de se syndiquer ou de lier le financement de l’action climatique à la création d’emplois syndiqués bien rémunérés, la politique économique de M. Biden vise à renforcer le mouvement syndical.

Dans son récent discours sur l’état de l’Union, M. Biden a qualifié son programme économique de « plan de reconstruction de l’Amérique par et pour les cols bleus ». Il a mis le Congrès au défi de légiférer pour mieux protéger le droit des gens à adhérer à un syndicat, de sévir contre le démantèlement illégal des syndicats et de garantir à chaque travailleur un salaire décent. En se servant de son poste de président pour parler positivement du rôle que jouent les syndicats dans la société américaine, M. Biden influence l’opinion publique. Selon un sondage Gallup d’août dernier, 71 % des Américains soutiennent les syndicats, un record en 55 ans.

Les Canadiens peuvent également être reconnaissants de la contribution des syndicats à notre société. Qu’il s’agisse de la semaine de travail de 40 heures, instaurée il y a plusieurs dizaines d’années, de l’interdiction de l’amiante ou de l’obtention récente de congés de maladie payés, les syndicats aident les travailleurs à accéder à la classe moyenne par le biais de la syndicalisation et de la négociation collective, et tout le monde bénéficie des gains réalisés.

Mais au cours des dernières années, nous avons vu les gouvernements réduire la capacité des travailleurs à s’organiser. Lorsque le pouvoir collectif des travailleurs est affaibli, nous assistons à une disparité croissante des revenus et à la montée en puissance des entreprises. Selon un rapport du Centre for Future Work diffusé en juin dernier, les profits des entreprises ont atteint la part la plus élevée du PIB depuis que Statistique Canada a commencé à recueillir ces données.

À l’instar de M. Biden, le premier ministre Trudeau pourrait présenter un programme canadien visant à renforcer le pouvoir des travailleurs, à éliminer les obstacles à la négociation collective, à protéger le droit des travailleurs de se syndiquer et à faire en sorte que notre ambitieux programme de construction de nouvelles infrastructures et de logements crée de bons emplois syndiqués. 

Tout comme M. Biden s’est attaqué aux tarifs abusifs du transport maritime et a plafonné les prix pratiqués par les entreprises pharmaceutiques, le gouvernement du Canada pourrait s’attaquer au déséquilibre du pouvoir des entreprises. Il pourrait commencer par agir contre les grandes chaînes de vente au détail, qui ont profité de la concentration de leur marché pour faire grimper les prix et engranger des bénéfices record. Comme l’a déclaré M. Biden dans son discours sur l’état de l’Union : « Le capitalisme sans concurrence n’est pas du capitalisme. C’est de l’exploitation ».

Notre premier ministre a une rare occasion de se tenir aux côtés d’un président américain alors que les deux dirigeants déclarent leur soutien sans équivoque aux droits et au bien-être des travailleurs. Et le premier ministre Trudeau pourrait joindre le geste à la parole en mettant les bons emplois syndiqués à l’ordre du jour lors de la visite du président Biden à Ottawa le mois prochain.

Bea Bruske est présidente du Congrès du travail du Canada. Vous pouvez la suivre sur Twitter @PresidentCLC

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