Debout! Pour la justice de genre

Journée internationale des femmes de 2024

Introduction

Nous faisons face à des crises multiples qui s’accumulent : sur l’abordabilité, les soins et le climat. Et les femmes sont disproportionnellement impactées. Ce sont elles qui assument le gros des responsabilités de prestation de soins et de travail ménager et qui doivent faire des choix impossibles chaque mois pour joindre les deux bouts. Les travailleurs, et particulièrement les travailleuses, continuent de voir leurs salaires prendre du retard alors qu’ils ont de la difficulté à payer leur loyer, à acheter de la nourriture et à acheter des médicaments si leur enfant tombe malade. 

C’est pourquoi, cette année, les syndicats du Canada se tiennent debout pour la justice de genre!

Pourquoi nous nous tenons debout

La justice de genre exige que toutes les personnes – quel que soit leur genre – aient les mêmes droits, responsabilités et possibilités. Il y a beaucoup à faire et il faut commencer par niveler les obstacles considérables auxquels se heurtent encore les femmes et les personnes issues de la diversité des genres au Canada. Ce sont des obstacles tels que l’écart salarial entre les genres, la violence et le harcèlement fondés sur le genre, le sexisme et la discrimination au travail et la part inéquitable du travail de soins non rémunéré et des tâches ménagères qui revient aux femmes. Tous ces obstacles sont rendus encore plus marqués par les crises de l’abordabilité, des soins et climatique en cours.

Nous nous tenons debout pour la justice de genre en incitant à une action urgente pour lutter contre la crise des soins et progresser dans la mise en œuvre d’une vision de notre pays où tout le monde aurait les soins dont il a besoin et les personnes qui fournissent les soins seraient visibles, appréciées et appuyées.  

Le Canada a besoin d’une stratégie globale et intégrée sur les soins qui consacrerait le droit de toute personne aux soins dont elle a besoin pour vivre une vie pleine et digne, réduirait et redistribuerait la responsabilité disproportionnée qu’assument les femmes en matière de soins, appuierait les personnes fournissant des soins rémunérés et non rémunérés et renforcerait l’économie des soins du Canada dans tous les secteurs en investissant dans les soins publics sur lesquels les gens comptent.  

Nous incitons le gouvernement fédéral à accroître ses investissements dans les soins publics et à créer une commission de l’économie des soins qui serait chargée d’étudier, de mettre au point et de recommander une stratégie nationale sur les soins visant à :

  • établir une stratégie plus vaste et inclusive sur le marché du travail pour créer des emplois de qualité et équitables dans tous les secteurs de l’économie des soins;
  • examiner le travail de soins rémunéré et non rémunéré et dresser un plan permettant de répondre à la demande croissante de soins;
  • réduire et redistribuer le travail de soins non rémunéré qu’accomplissent les femmes en améliorant l’accès à des services publics de soins pour les enfants, les personnes âgées et les personnes en situation de handicap;
  • adoptant rapidement la loi sur l’assurance-médicaments.

Nous y sommes arrivés! Après des décennies de pressions faites sur le gouvernement, nous avons pris le premier pas en vue d’une assurance-médicaments universelle à payeur unique. L’accès à la contraception sur ordonnance dans le cadre d’une assurance-médicaments universelle a pour effets non seulement de niveler des obstacles ayant trait au coût mais aussi de permettre aux femmes d’obtenir des moyens de contraception confidentiellement sans avoir à présenter une demande dans le cadre d’un régime d’assurance de leur partenaire ou d’un membre de leur famille. C’est une étape importante en vue de la justice de genre au Canada.

Êtes-vous prêt à vous tenir debout?  (https://prenonssoin.ca/passer-a-laction/)


Pourquoi nous nous tenons debout pour la justice de genre

Les incidences de la crise de l’abordabilité et de la crise des soins sur les femmes

  • Les femmes sont plus susceptibles que les hommes de souffrir de pauvreté chronique, de travailler au salaire minimum et à temps partiel et de fournir la majeure partie des soins aux enfants.
  • Les femmes sont appelées plus souvent que les hommes à prendre soin de membres de leur famille, y compris les enfants et les parents âgés, ce qui s’ajoute à leur travail rémunéré. Pour compenser le partage inégal du travail, les femmes sont plus susceptibles que les hommes de réduire leurs heures de travail ou de se retirer de la population active pour prendre soin de leur famille. Il s’ensuit que les femmes sont surreprésentées dans les emplois à temps partiel et au salaire minimum.  Cela a des effets à vie, réduisant le revenu de retraite des femmes et les rendant plus susceptibles que les hommes de vivre leurs vieux jours dans la pauvreté.
  • Le Canada se classe au troisième rang des pays membres de l’OCDE pour ce qui est du prix des médicaments. Les femmes sont plus susceptibles que les hommes de cesser de faire exécuter leurs ordonnances à cause du prix des médicaments.
  • En 2023, l’accès aux services de garde d’enfants est devenu plus difficile. 26 % des parents d’enfants de cinq ans ou moins qui ne recouraient pas à des services de garde indiquaient que leurs enfants étaient inscrits à une liste d’attente – par rapport à 19 % en 2022. La proportion des parents signalant qu’ils avaient de la difficulté à trouver des services de garde est passée de 53 % à 62 % de 2019 à 2023.
  • Les femmes sont deux fois plus susceptibles que les hommes de travailler à temps partiel. Les responsabilités de garde d’enfants sont la principale raison pour laquelle les femmes de 25 à 54 ans travaillent à temps partiel.
  • 60 % des personnes travaillant au salaire minimum sont des femmes, 31 % sont issues de l’immigration (21 % de plus qu’il y a une décennie) et 34 % ont un diplôme d’études postsecondaire ou d’études supérieures. 
  • Les secteurs à prédominance féminine sont ceux où augmente le plus le travail à temps partiel et temporaire. Les emplois précaire et à temps partiel ne comportent souvent que peu sinon pas d’avantages sociaux, ce qui ajoute un fardeau aux personnes qui les occupent, lesquelles sont surtout des femmes, et particulièrement des femmes racialisées et immigrantes.
  • En 2022, des près de 60 000 personnes qui n’avaient pas accumulé suffisamment d’heures de travail pour être admissibles à des prestations ordinaires d’AE – même si elles avaient des gains assurables et une raison valable de quitter leur emploi – 3 sur 5 étaient des femmes.
  • Les femmes sont inéquitablement impactées par les règles qui restreignent l’accès aux prestations ordinaires si les gens sont mis à pied pendant un congé de maternité ou parental.
  • Les salaires n’ont pas augmenté au même rythme que l’inflation. Près de 70 % des membres du personnel des services d’éducation sont des femmes, qui continuent à voir baisser leur salaire même avant qu’il soit tenu compte de l’inflation.

En 2024, les femmes gagnent encore moins que les hommes dans presque toutes les professions, y compris dans les secteurs comprenant la plus forte proportion de femmes.

  • La discrimination au travail, le racisme systémique et structurel et le partage inégal du travail de soins non rémunéré sont les principaux facteurs de l’écart salarial entre les genres et de l’écart salarial raciste. 
  • En moyenne, les femmes gagnent 89 cents par dollar que gagnent les hommes; toutefois, ce montant varie selon les femmes. Les femmes racialisées gagnent 60 cents par dollar que gagnent les hommes non racialisés. Les femmes autochtones gagnent 63 cents par dollar que gagnent les hommes non autochtones. Selon le salaire horaire médian, les femmes qui ont de graves handicaps gagnent 77 % de ce que gagnent les hommes sans handicap, soit 77 cents par dollar.
  • Selon les données de la Coalition ontarienne pour l’équité salariale, la moitié des personnes trans et non binaires gagne moins de 15 000 $ par année et une femme transgenre voit baisser son salaire de 30 % après la transition.  

Les travailleurs, et particulièrement les travailleuses, continuent de voir leurs salaires prendre du retard alors qu’ils ont de la difficulté à joindre les deux bouts, à loger et à nourrir leur famille.

  • Depuis deux ans, les loyers ont augmenté de 22 % au Canada, soit de 390 $ par mois en moyenne. L’augmentation de 8,6 % des loyers en 2023 suivait une augmentation de 12,1 % en 2022 et une augmentation de 4,6 % en 2021.
  • Depuis 2022, le salaire de location d’un logement à une chambre est plus élevé que le salaire minimum dans la plupart des grandes villes du pays. 
  • Les femmes sont plus susceptibles de vivre dans l’insécurité alimentaire – qu’elles soient le principal soutien de famille ou des mères de famille monoparentale.
  • En 2022, les familles dont le principal soutien était une femme étaient plus susceptibles de vivre dans l’insécurité alimentaire que les familles dont le principal soutien était un homme.
  • En 2022, plus de six sur dix (62 %) des mères de famille monoparentale ayant un handicap ont indiqué qu’elles vivaient dans l’insécurité alimentaire, par rapport à 45 % des pères de famille monoparentale.   
  • En 2022, les familles qui avaient une insécurité alimentaire accrue, quel que soit leur niveau de revenu, comprenaient celles dirigées par une mère de famille monoparentale, celles qui vivaient dans des logements locatifs, celles dont le principal soutien économique était une personne autochtone ou noire et celles dont la principale source de revenu venait de paiements de transfert. 

Les syndicats du Canada se tiennent debout pour la justice de genre

Une très grande partie des progrès que nous avons réalisés pour ce qui est des droits des femmes et de la justice de genre au travail au Canada découle directement de la conjugaison des efforts des militantes et militants syndicaux pour revendiquer un changement. Secteur par secteur, lieu de travail par lieu de travail, dans nos collectivités et sur la scène nationale, les syndicats du Canada ont lutté pour l’équité et la justice, non seulement pour les membres de syndicats mais encore pour tous.

Les syndicats ont ouvert la voie à l’équité et à l’inclusion, instaurant des congés parentaux et de maternité payés, le droit à un salaire égal à travail égal et le droit à un monde du travail dénué de violence et de harcèlement. Ce sont des percées dont bénéficient actuellement les travailleuse et travailleurs, quel que soit leur genre, d’un océan à l’autre.  

Les femmes syndiquées ont souvent des salaires plus élevés que les femmes non syndiquées, gagnant autant que leurs collègues masculins, ont accès à un régime de retraite et ont de meilleurs avantages sociaux. Même si les femmes syndiquées ont la vie plus facile, nous n’arrêterons pas là – les syndicats du Canada se sont engagés à assurer la justice de genre dans tous les lieux de travail, qu’ils soient syndiqués ou non, et dans toutes les collectivités.

Nous sommes fiers de ce que nous avons accompli pour les femmes et les personnes issues de la diversité des genres en milieu de travail et nous nous engageons à continuer à nous tenir debout pour la justice de genre.

Plus de façons de se tenir debout