
Déclaration de Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada, sur l’assermentation du Cabinet du premier ministre Carney
OTTAWA — Aujourd’hui commence un nouveau chapitre de l’histoire du Canada, et les travailleuses et travailleurs de tout le Canada surveillent la situation de près. Ils s’attendent à ce que le nouveau Cabinet du premier ministre Carney leur apporte non pas une amélioration symbolique, mais bien une action — urgente, audacieuse et ciblée.
Les Canadiennes et Canadiens sont aux prises avec la hausse du coût de la vie, l’empirement de la crise du logement, un système de santé public sous contrainte et l’insécurité d’emploi causée par l’instabilité économique mondiale qu’alimentent les tarifs douaniers de Trump. En même temps, nous voyons s’élargir les lacunes de systèmes tels que l’assurance-emploi qui sont censés protéger les travailleuses et travailleurs, ce qui laisse pour compte un trop grand nombre d’entre eux.
L’heure n’est plus à l’hésitation. Les travailleuses et travailleurs comptent sur le gouvernement actuel pour qu’il procède à de vrais investissements dans les personnes, les services publics et les bons emplois syndiqués qui soutiennent les familles et les collectivités.
Les syndicats du Canada, qui représentent plus de 3 millions de travailleuses et travailleurs d’un océan à l’autre, sont prêts à travailler avec le nouveau Cabinet. Et ils comprennent les enjeux — et l’urgence du besoin d’une action audacieuse. Nous ne pouvons pas nous permettre de temporiser en matière d’économie ni de continuer à compter sur des structures désuètes ou les marchés étrangers. Au point où nous en sommes de l’incertitude économique et de l’intensification des pressions commerciales étatsuniennes, nos dirigeants doivent affronter l’urgence de la situation avec courage et ambition.
Cela exige qu’ils :
- Assurent des services de santé publics englobant une assurance-médicaments universelle et l’accès de chaque Canadienne ou Canadien à un médecin ou à une infirmière praticienne.
- Rendent la vie plus abordable en bridant la cupidité des entreprises et en haussant les salaires.
- Bâtissent des logements vraiment abordables plutôt que de se contenter de faire des promesses et de dresser des plans.
- Créent de bons emplois syndiqués dans toutes les régions en investissant dans l’énergie propre, le secteur manufacturier et les infrastructures publiques.
- Investissent dans les services publics sur lesquels comptent les familles et réforment l’AE afin qu’aucun travailleur ou travailleuse ne passe entre les mailles du filet.
Les syndicats du Canada tiendront Patty Hadju, nouvelle ministre de l’Emploi et des Familles, responsable des principales priorités des travailleuses et travailleurs et du mouvement syndical du Canada. Les travailleuses et travailleurs s’attendent à ce que la Ministre prenne des mesures concrètes pour hausser les salaires, respecter la négociation collective libre et équitable, améliorer la sécurité au travail et renforcer les droits et les protections de tous les travailleurs et travailleuses — quel que soit leur genre d’emploi ou leur lieu de travail. Cela nécessite la prise de mesures de réforme clés consistant notamment à mettre en œuvre l’interdiction du recours aux travailleuses ou travailleurs de remplacement et sa mise en application. Et cela nécessite également la mise à jour urgente de notre régime désuet d’assurance-emploi afin qu’il ne laisse pour compte aucun travailleur ou travailleuse.
Le rôle du ministre responsable du Travail du Canada n’est pas que symbolique : il est crucial. Il s’agit de la personne chargée de faire respecter et avancer les droits des travailleuses et travailleurs de tout le pays. Ce rôle doit reposer sur un engagement ferme et inébranlable à protéger les travailleurs et travailleuses — plutôt que de servir les intérêts des entreprises.
Parmi les personnes nouvellement nommées, le premier ministre a désigné John Zerucelli secrétaire d’État (Travail) pour soutenir le ministre responsable du Travail. Bien que le titulaire de ce poste ne fasse pas partie du Cabinet, il doit exécuter un mandat ciblé et collaborer étroitement avec le Ministre pour voir à ce que les droits et les protections des travailleuses et travailleurs demeurent un des principaux piliers du programme du gouvernement.
Il est temps que le gouvernement montre aux travailleuses et travailleurs que leur avis ne sera pas négligé. Les Canadiennes et Canadiens ne demandent pas l’impossible — ils revendiquent ce qui est juste et équitable et qu’ils attendent depuis trop longtemps. Les travailleuses et travailleurs ont bâti ce pays et ils seront le moteur de son avenir. Les décisions prises pendant les prochains jours et semaines transmettront un message clair : soit l’actuel gouvernement est prêt à donner le pas en prenant des mesures audacieuses et décisives, soit il laissera filer l’occasion. Les syndicats du Canada surveilleront la situation.
Nous sommes prêts à nous associer aux progrès — mais nous n’hésiterons pas à obliger le gouvernement à rendre des comptes. Les travailleuses et travailleurs n’attendent pas, et le gouvernement ne devrait pas attendre non plus.