Le Congrès du travail du Canada condamne le bilan de sécurité des mines en Turquie

21 mai 2014

Suite à la mort de plus de 280 mineurs de charbon et la disparition de 150 autres présumés morts dans la récente catastrophe minière en Turquie, le Congrès du travail du Canada (CTC) appelle le gouvernement turc à agir après des années d’immobilisme au regard de la santé et de la sécurité dans les mines, et à ratifier et mettre en application la Convention 176 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur la sécurité et la santé dans les mines. Le bilan humain qui continue de s’alourdir suite à l’incendie et à l’explosion dans la mine de charbon de Soma le 13 mai est la pire catastrophe minière de l’histoire du pays.

La mine de charbon de Soma est connue depuis longtemps pour ses conditions de santé et de sécurité défaillantes. Cette situation a progressivement empiré depuis sa privatisation il y a dix ans. Les mineurs, dont certains à peine âgés de 15 ans, travaillent chaque jour dans des conditions archaïques épouvantables. Les accidents et décès dans les mines turques ont augmenté de 92 % au cours des 40 dernières années. Le nombre d’accidents du travail dans d’autres secteurs a lui aussi augmenté de 40 % au cours des dix dernières années.

Il est intolérable que les mineurs turcs soient privés du droit fondamental de la sécurité sur le lieu de travail et que l’on s’attende à ce qu’ils y laissent leur vie.

Le CTC se joint aux experts internationaux pour réfuter les affirmations du Président de la Turquie selon lesquelles la tragédie aurait été un accident. Les professionnels de la santé et de la sécurité du monde entier estiment au contraire que la sous-traitance généralisée est l’une des raisons de l’augmentation du nombre de morts, ainsi que l’absence de mesures de santé et de sécurité au travail et d’inspections adaptées.

Le gouvernement turc a délibérément ignoré les violations répétées et bien connues des règles de sécurité dans la mine de Soma. Le système d’inspection public est défaillant et inadéquat et le gouvernement turc a de plus rejeté l’année dernière une demande parlementaire visant l’examen des opérations minières. En 1992, 263 mineurs ont perdu la vie dans un accident similaire à la mine de Zonguldak.

Le CTC demande au gouvernement du Canada de prendre des mesures diplomatiques immédiates pour inciter le gouvernement turc à entamer des poursuites à l’encontre des responsables. Un tel examen, entrepris en collaboration avec l’OIT, doit également présenter des recommandations en faveur du renforcement de la législation et de l’application des lois.

Le Canada et la Turquie entretiennent des relations diplomatiques depuis 1947, sous forme d’accords bilatéraux et multilatéraux de coopération commerciale et militaire. Les échanges commerciaux bilatéraux s’élevaient à 2,3 milliards de dollars en 2012. Selon Exportation et développement Canada (EDC), la Turquie représente un marché stratégique pour les entreprises canadiennes.

Le CTC demande en outre au gouvernement turc de ratifier et mettre pleinement en application la Convention 176 de l’OIT sur la sécurité et la santé dans les mines.