1945 : La grève chez Ford à Windsor
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En 1945, Ford employait dans son complexe de Windsor 14 000 travailleurs de l’automobile, ce qui en faisait le lieu de travail le plus grand du Canada. Les temps étaient durs. La production du temps de guerre ralentissait, et de nombreuses entreprises, dont Ford, voulaient neutraliser certains des gains acquis par les syndicats pour les travailleurs depuis la Crise. Les cotisations syndicales étaient encore facultatives, ce qui veut dire que la section locale 200 des Travailleurs unis de l’automobile devait accomplir la tâche presque impossible de percevoir des cotisations de 14 000 membres chaque mois. Le syndicat devait obtenir plus de sécurité s’il voulait survivre et protéger les acquis qu’il avait gagnés pour ses membres.
Ford a annoncé la mise à pied de 1 500 travailleurs. Les négociations ont achoppé sur la revendication par le syndicat de l’adhésion obligatoire au syndicat et de la retenue automatique des cotisations sur le salaire et de leur transfert au syndicat, ce à quoi Ford avait consenti dans une autre usine. Les travailleurs réclamaient en outre deux semaines de congés annuels payés.
Le 12 septembre 1945, le syndicat a déclenché la grève. Il était inexpérimenté, mais les travailleurs avaient obtenu l’appui de la collectivité et les tactiques d’affrontement de Ford ont favorisé la solidarité.
Le syndicat a réussi à résister aux efforts faits pour rompre les piquets de grève avec l’aide de 8 000 membres de la section locale 195 des TUA travaillant pour d’autres entreprises de l’industrie de l’automobile à Windsor, qui sont demeurés en grève sans indemnité de grève pour un mois. Afin de prévenir un affrontement violent avec la police, les grévistes ont garé leurs propres voitures dans les rues entourant l’usine de manière à former un barrage qui a duré trois jours.
C’est alors que Paul Martin le père, ministre fédéral, est intervenu en personne pour tenter de relancer les négociations. Une entente de principe, fondée sur la proposition de soumettre toutes les questions de sécurité syndicale à l’arbitrage obligatoire qui avait été présentée par le syndicat avant le début de la grève, a été rejetée par les membres désormais militants de la section locale. Les travailleurs n’ont consenti à rentrer au travail qu’une fois que M. Martin a assuré au syndicat qu’il nommerait un arbitre « sympathique ». Cela a permis de conclure une entente.
Le 9 décembre, après 99 jours de piquetage, les travailleurs ont voté en faveur du retour au travail.