Le droit à la sécurité au travail

Au cours des années 1960, l’exploitation des travailleurs et travailleuses – et particulièrement des immigrants et immigrantes – était encore répandue.  Bon nombre d’entre eux gagnaient à peine de quoi faire vivre une famille, vivaient dans la crainte de la déportation et étaient obligés de travailler dans des conditions très dangereuses.  Nombreux sont ceux qui, ne parlant pas l’anglais ou le français, ignoraient les droits qu’ils avaient.

Le 17 mars 1960, cinq travailleurs immigrants italiens – Pasquale Allegrezza, Giovanni Battista Carriglio, Giovanni Fusillo et Alessandro et Guido Mantella – sont descendus 35 pieds sous terre afin de poursuivre leurs travaux dans un tunnel à Hogg’s Hollow, sous la rivière Don, près du chemin Old York Mills et de la rue Yonge à Toronto.

Le tunnel avait un diamètre d’à peine six pieds et les hommes devaient ramper sous une conduite d’eau principale d’un diamètre de 36 pouces parcourant le centre du tunnel pour se croiser.  Ils n’avaient pas reçu de casques protecteurs ni de torche électrique.

Quand l’incendie s’est déclaré, ils étaient emprisonnés, incapables de voir par où ils pouvaient sortir et avaient de toute façon la voie barrée par des câbles fumants d’un côté et un mur de soutènement en ciment de l’autre.  Pris de panique, les secouristes ont fermé l’arrivée d’air du tunnel, causant un effondrement.  En l’absence de compression, les travailleurs ont subi le calvaire causé par le déplacement de bulles d’azote dans le sang.  Puisque le fond du tunnel n’avait pas été dûment scellé avec du ciment, quand on a fini par injecter de l’eau dans le tunnel pour éteindre le feu, un torrent de boue a enseveli les hommes vivants.  Ils sont morts d’asphyxie par l’oxyde de carbone et de suffocation par inhalation de fumée, de sable et d’eau.

La tragédie a été un catalyseur de réforme en matière de santé et de sécurité au travail.  Les syndicats ont dirigé la lutte destinée à voir à ce que le gouvernement de l’Ontario prenne au sérieux la santé et la sécurité au travail qui a donné lieu à l’adoption de la loi sur la sécurité industrielle.

Cette loi a constitué la base du Code canadien du travail (sécurité) adopté plus tard au cours de la même décennie.  Celui-ci englobait des lois et des règlements protégeant la sécurité des travailleurs et travailleuses au Canada.

Ensuite, la Saskatchewan est allée encore plus loin en adoptant l’Occupational Health Act, qui est considérée comme la première loi en son genre établie en Amérique du Nord.

Cette loi existe encore aujourd’hui.  Elle fait de la santé et de la sécurité une responsabilité partagée entre la direction et les travailleurs et travailleuses.  Les syndicats ont lutté ferme pour donner trois importants pouvoirs à la population canadienne : le droit de refuser un travail dangereux, le droit d’être informé des dangers que présente le lieu de travail et le droit de participer aux discussions sur la santé et la sécurité.  Et les syndicats luttent ferme tous les jours pour continuer à obliger les employeurs à s’acquitter de leur responsabilité de garantir la sécurité des travailleurs et travailleuses.