Six ans après la tragédie du Rana Plaza, les droits des travailleurs sont toujours bafoués au Bangladesh
Le 24 avril 2019 marque le sixième anniversaire de l’effondrement de l’immeuble Rana Plaza qui a tué 1 134 travailleuses et travailleurs du vêtement au Bangladesh. Les syndicats du Canada restent inquiets quant aux conditions de travail dans les usines où les détaillants canadiens s’approvisionnent.
« Le Bangladesh est le deuxième exportateur de vêtements au monde. Environ quatre millions de personnes travaillent dans plus de quatre mille usines. Près de 80 % de ces travailleurs sont des femmes », a déclaré Hassan Yussuff, président du Congrès du travail du Canada (CTC). « Les salaires dans le secteur du vêtement sont très inférieurs à un salaire décent qui répond aux besoins fondamentaux des travailleuses et travailleurs, et ces derniers sont réprimés lorsqu’ils tentent d’exercer leurs droits fondamentaux. »
En janvier, le gouvernement et les propriétaires d’usine ont de nouveau tenté d’étouffer les manifestations portant sur les salaires des travailleurs au moyen de violence et d’intimidation. De nombreux manifestants ont été blessés. Des dizaines de travailleuses et travailleurs ont été arrêtés et des milliers ont été refusés et inscrits sur liste noire pour de futurs emplois d’usine.
La santé et la sécurité dans les usines se sont améliorées sous le système d’inspection de l’Accord sur la sécurité-incendie et la sécurité des bâtiments du Bangladesh, une entente entre plus de 200 marques et de syndicats internationaux, mis en place après la catastrophe du Rana Plaza. Cependant, le gouvernement du Bangladesh tente d’expulser l’accord du pays et de prendre en charge l’inspection des usines. Sur la scène internationale, les gouvernements, les détaillants et les syndicats craignent que les mesures et les pouvoirs de réglementation nécessaires pour cette transition n’aient pas été atteints et que des travailleurs et travailleuses perdent la vie en cas de transition précoce.
« Les syndicats du Canada continuent à se montrer solidaires des travailleuses et travailleurs de l’industrie du vêtement au Bangladesh et sont engagés avec les principaux détaillants canadiens à promouvoir le droit des travailleuses et travailleurs dans leurs chaînes d’approvisionnement », a déclaré M. Yussuff.
En ce triste anniversaire, nous demandons au gouvernement du Canada de collaborer avec ses homologues au Bangladesh afin de promouvoir les droits fondamentaux et la santé et sécurité au travail, ainsi que modifier le climat de peur et de répression que subissent actuellement les travailleuses et travailleurs du vêtement. Le CTC demande au gouvernement du Canada de revoir son système d’accès préférentiel aux marchés canadiens afin d’assurer que cet accès soit conditionnel au respect des droits de la personne et des droits des travailleuses et travailleurs. Le gouvernement fédéral doit exiger que toutes les entreprises qui importent des vêtements et des textiles au Canada dévoilent publiquement l’emplacement de leurs usines, ce qui permet de veiller au respect des droits des travailleuses et travailleurs dans leurs chaînes d’approvisionnement. Les syndicats du Canada demandent également aux marques et détaillants canadiens d’assurer que les droits soient respectés dans toutes leurs chaînes d’approvisionnement et d’accroître la transparence de leurs pratiques.