Pourquoi les syndicats participent-ils à l’action politique?

18 août 2015

La réponse tient en deux principes. Le premier « par tradition », Le deuxième « par nécessité! »

La tradition

Traditionnellement, les syndicats se sont impliqués en politique pour trois raisons :

  1. Pour obtenir la reconnaissance du droit des travailleurs à former des syndicats et à négocier collectivement,

  2. Pour protéger les acquis obtenus au moyen de la négociation collective,

  3. Pour promouvoir la justice et l’égalité des chances économique pour tous.  

Les travailleuses et travailleurs ont beaucoup accompli en agissant collectivement pour définir les priorités du mouvement syndical et ensuite élire les politiciens et politiciennes qui avaient les mêmes idées que nous ou qui « ont eu une prise de conscience » au vu du nombre de voix que nous représentons.

Ce fut le cas en 1872, lorsque les imprimeurs de Toronto firent grève pour exiger des journées de travail de 9 heures. Le premier ministre d’alors John A. MacDonald s’en trouva « inspiré » pour mettre en place une loi légalisant les syndicats. On peut le constater également aujourd’hui chez les politiciens de tout ordre (municipal, provincial et fédéral) qui reconnaissent la force des collectifs de travailleurs et de travailleuses.  

C’est pourquoi les gouvernements et le secteur des affaires déploient autant d’efforts pour convaincre le public que les syndicats et les organisations sociales ne sont que des « groupes d’intérêts spéciaux » qui n’œuvrent pas pour le bien de tous.

La nécessité

L’expérience de ces quelques dernières décennies nous a montré que les lois régissant notre destin au travail peuvent éliminer les acquis contractuels et sociaux si durement remportés. Les grandes entreprises, sans doute le plus grand « groupe d’intérêts spéciaux » dans la société, n’hésitent pas à exercer leur influence auprès des tribunaux et du monde politique pour servir leurs objectifs.

À titre d’exemples :

  • Les lois mettant fin à des grèves ou même au droit de grève dans les secteurs public et privé,

  • Les injonctions contre le droit de faire du piquetage,

  • Les lois autorisant des réductions de salaire et de prestations, des licenciements et la politique d’« austérité » qui nous touchent tous.

La société au grand complet subit les conséquences de la politique actuelle d’« austérité » du gouvernement. Cela signifie en réalité une réduction de la protection des droits des travailleuses et des travailleurs dans leur emploi, des soins de santé, de l’assurance-chômage, des programmes d’assistance sociale, des prestations de retraite et des services de garde à l’enfance. Par contre — curieusement — les bénéfices des entreprises augmentent.

Les groupes d’affaires définissent agressivement leurs priorités et se servent de leurs capacités financières et des organisations qui les représentent (la Chambre de Commerce du Canada, le Conseil d’entreprises pour les questions nationales, entre autres) pour influencer le monde politique et le convaincre de réaliser ces priorités.

Mais si nous n’avons pas leur pouvoir financier, nous avons le pouvoir du peuple, ce qui représente une grande force. Notre richesse réside dans notre communauté de travailleuses et de travailleurs et de membres de notre société. Nos organisations sont nos syndicats, nos mouvements sociaux et nos partis politiques.

Agir sur la scène politique est la mesure la plus logique et la plus éclairée à prendre

Vous n’iriez pas élire vos patrons comme délégués syndicaux, vous savez qu’ils ne représenteraient pas correctement vos intérêts au travail. Cela n’a pas plus de sens d’élire des cadres pour représenter nos intérêts en politique.

Les membres syndicaux savent instinctivement comment agir pour changer une situation qui ne leur plaît pas : ils se servent de leur force collective. S’ils ne sont pas satisfaits de leur milieu de travail, ils peuvent — collectivement — faire grève. S’ils trouvent que les membres de la direction de leur section locale ne répondent pas à leurs besoins, ils ne les réélisent pas.

Ce sont notre force collective et notre engagement dans l’action politique qui convaincront les gouvernements et les entreprises d’agir positivement. Pour y arriver, nous devons éduquer et organiser nos membres autour de nos enjeux, renforcer nos coalitions avec des groupes sociaux partageant les mêmes idées et élire des politiciens et des politiciennes qui nous représentent et défendent nos priorités.

C’est une belle tradition — et, aujourd’hui, une nécessité.