Selon Ken Georgetti, président du Congrès du travail du Canada, la Banque royale du Canada (RBC) use et abuse du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) au détriment des travailleuses et des travailleurs, tant migrants que canadiens.
Ken Georgetti réagissait à la nouvelle selon laquelle 45 employés et employées du service de soutien informatique de RBC sont en passe de perdre leur emploi et se trouvent dans l’obligation de former des travailleuses et des travailleurs étrangers aux tâches de leurs postes actuels. Les travailleurs et travailleuses temporaires détiennent leur visa et sont employés par un pourvoyeur de main d’œuvre nommé iGATE. Leur formation terminée, la plupart quitteront le Canada pour effectuer leur travail depuis l’étranger.
« Il s’agit d’un nouveau cas d’abus du programme fédéral des travailleurs étrangers temporaires par des employeurs et des pourvoyeurs de main d’œuvre », affirme M. Georgetti. « C’est un abus total et flagrant du programme que le gouvernement fédéral ne devrait pas tolérer. »
Selon M. Georgetti, il existe des similitudes entre l’affaire RBC et celle des permis de travail délivrés à la firme Dehua International autorisant l’entreprise à importer de la main d’œuvre dans le cadre du PTET pour travailler dans une mine de charbon située dans le nord de la Colombie-Britannique. « Dans les deux cas, il y avait suffisamment de main-d’œuvre sur place pour faire le travail, mais les compagnies en question ont choisi d’abuser du PTET au détriment des travailleuses et des travailleurs. »
Au Canada, on estime à environ 300 000 le nombre de travailleuses et de travailleurs embauchés dans le cadre du PTET, soit trois fois plus qu’il y a dix ans. La législation mise en place et le budget fédéral 2012 permettent aux employeurs d’importer plus facilement de la main-d’œuvre étrangère et de la payer jusqu’à 15 pour cent en dessous du salaire moyen en vigueur.
« Le gouvernement promet toujours d’enquêter sur les abus et de sévir contre les employeurs peu scrupuleux, mais nous ne nous fions pas à cette promesse », déclare M. Georgetti.
Le CTC réclame la mise en place d’une Commission nationale des travailleuses et travailleurs migrants dotée de réels pouvoirs réglementaires et exécutifs pour protéger les droits de la main d’œuvre étrangère et veiller au plein emploi de la population active canadienne. M. Georgetti ajoute : « Il est grand temps qu’Ottawa examine la véracité des affirmations des employeurs quant aux pénuries de main-d’œuvre et de compétences, et que les travailleuses et travailleurs étrangers, ainsi que tout nouvel arrivant, puissent accéder à la citoyenneté par un processus clair et transparent. »