Le CTC veut que les maires du Canada s’attaquent aux problèmes de recours à la force meurtrière et de racisme systémique dans les services de police
L’organisation syndicale la plus grande du Canada est attristée et indignée par la nouvelle de la mort d’un autre homme noir après un violent affrontement avec la police, à Ottawa cette fois, et elle incite les maires du Canada à passer à l’action.
Abdirahman Abdi, Canadien d’origine somalienne de 37 ans, a succombé lundi à des blessures subies le 24 juillet quand la police d’Ottawa l’a pris en chasse et, au dire de plusieurs témoins, rouée de coups.
Le Congrès du travail du Canada (CTC) joint sa voix à celle de la communauté qui appelle à une enquête publique transparente menée par un organisme justiciable au sujet de la brutale altercation et il soutient qu’il faut également examiner le contexte plus vaste du racisme systémique, de l’islamophobie et de la réponse de la police aux troubles de santé mentale.
« La réalité inacceptable est qu’il ne s’agit que du plus récent des incidents de violence policière à l’endroit des Noirs survenus au Canada et en Amérique du Nord. Ces incidents se produisent à la faveur du profilage racial qui se manifeste par la surveillance et le harcèlement excessifs des communautés racialisées et d’une culture d’impunité de la police », déclare Hassan Yussuff, président du CTC.
« Puisque aucune des tragédies en question n’arrive isolément, on ne peut pas les traiter isolément. Il est très clair qu’il y a des problèmes systémiques à régler dans l’ensemble du pays », précise-t-il.
M. Yussuff dit que le CTC demande à Jim Watson, maire d’Ottawa, et aux maires d’autres grandes villes canadiennes de créer des groupes de travail municipaux chargés de mener des enquêtes sur le racisme systémique et l’islamophobie dans les services de police et d’examiner la formation de la police, ses directives et ses protocoles de recours à la force et de réponse à des incidents mettant en cause des personnes qui ont des maladies ou des incapacités mentales ou qui présentent des signes de détresse psychologique.
Selon M. Yussuff, ces groupes de travail doivent comprendre des membres des groupes les plus affectés tels que les familles des victimes et les groupes racialisés, autochtones et autres communautés marginalisées qui font l’objet de la violence dont il est question.
M. Yussuff demande aux provinces et aux territoires du Canada de mieux encadrer les forces policières et de rendre obligatoire pour toutes ces forces une formation sur le racisme à l’égard des Noirs, la santé mentale et la désescalade.
« Comme de si nombreuses organisations et de si nombreux chefs communautaires l’ont déjà dit, il arrive trop souvent que les unités des enquêtes spéciales mènent leurs activités en secret et que les policiers ayant participé à des altercations violentes soient exonérés », déclare M. Yussuff.
« Les gouvernements provinciaux et territoriaux doivent collaborer ensemble pour amender les lois de manière à voir à ce que les organismes de supervision de la police, tels que les UES, soient plus transparents et plus justiciables », ajoute-t-il.