Les jeunes électeurs sont ignorés, mais pas apathiques
À chaque élection, nous entendons beaucoup parler du faible taux de participation des jeunes et de la fausse perception que les jeunes sont apathiques. Mais les conclusions d’une étude récente sur la participation politique des jeunes vont peut-être permettre de mettre fin à cette fausseté une fois pour toutes — ou du moins de la dissiper.
Il est vrai que la participation des jeunes aux élections est inférieure à celle de l’ensemble de la population. À la dernière élection fédérale (2011), seulement 39 % des jeunes de 18 à 24 ans ont voté, et seulement 45 % des jeunes de 25 à 34 ans, par rapport à 61 % de l’ensemble de la population.
Le fait que la majorité des jeunes ne votent pas pose problème, mais il serait pour le moins injustifié de sauter à la conclusion que le faible taux de participation est la conséquence d’une apathie.
Après l’élection fédérale de 2011, Élections Canada a mené une Enquête nationale auprès des jeunes sur les tendances en matière de vote chez les jeunes du Canada et a examiné les raisons pour lesquelles ils votent ou non. L’enquête a démontré que les raisons les plus courantes pour ne pas voter étaient liées à des situations personnelles comme les suivantes :
- Ils étaient trop occupés au travail, à l’école, avec la famille, ou étaient en voyage à l’époque;
- Ils estimaient qu’ils ne connaissaient pas suffisamment les partis, les candidates et candidats et les enjeux.
Mais ces raisons signifient-elles que les jeunes sont apathiques? Pas vraiment. En fait, une étude récente menée par Samara Canada démontre le contraire. Selon l’étude, les taux de participation des jeunes Canadiens et Canadiennes à la vie civique et politique, outre le fait d’aller voter, sont en moyenne 11 % plus élevés que ceux des Canadiens et Canadiennes plus âgés dans 18 différents secteurs de participation politique.
Par exemple, par rapport aux personnes de 30 ans et plus, les jeunes ont davantage tendance à :
- assister à une réunion ou un discours politique;
- devenir bénévole pour une candidate, un candidat ou une campagne;
- prononcer un discours politique en public;
- organiser un événement public sur la politique;
- signer une pétition;
- boycotter ou acheter des produits pour des raisons éthiques, environnementales ou politiques;
- protester ou manifester;
- faire du bénévolat pour une œuvre de bienfaisance;
- participer activement au sein d’un groupe ou d’une organisation;
- travailler avec d’autres personnes pour résoudre un problème communautaire;
- parler de politique et d’enjeux politiques face à face ou par téléphone;
- discuter par courriel ou textos;
- diffuser une publication, la réafficher ou ajouter un commentaire; ou
- suivre sur les médias sociaux une politicienne, un politicien ou une formation politique.
Ces données révèlent qu’il est évident que les jeunes sont loin d’être apathiques. Ils sont en fait très engagés, beaucoup plus que l’ensemble de la population. Alors, pourquoi ne votent-ils pas?
Qui est apathique envers qui?
L’étude de Samara suggère que la raison pourrait venir du fait que les partis politiques ou les candidates et candidats ne communiquent pas avec les jeunes. L’étude a révélé que, bien que les jeunes soient les plus politiquement engagés, ils sont également le groupe qui a le moins tendance à être contacté par un parti politique, une candidate, un candidat ou un membre du Parlement. Près de la moitié (45 %) des jeunes de 18 à 29 ans n’ont pas été contactés (par courrier, téléphone, courriel, en personne ou sur un réseau social), par rapport à seulement 25 % des personnes de 56 ans et plus.
Il n’est pas surprenant d’apprendre dans l’Enquête nationale auprès des jeunes 2011 d’Élections Canada que lorsque des dirigeants politiques ont communiqué avec les jeunes, leur taux de participation à l’élection a été 15 points de pourcentage plus élevé que celui des jeunes qui n’ont pas été contactés.
Communiquer avec le jeune électorat
Que peut-on en conclure? L’engagement est important; toutefois, le problème n’est pas que les jeunes ne sont pas engagés, mais plutôt que les femmes et hommes politiques et les candidates et candidats ne s’engagent pas auprès d’eux.
Nous pouvons tous contribuer à augmenter le faible taux de participation électorale des jeunes simplement en engageant une conversation. Nouez un dialogue avec les jeunes — ils sont plus actifs que l’on nous l’a fait croire.
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