Droits de la personne et égalité

Yussuff : Trump a échoué à l’épreuve du leadership moral. Nous devons y réussir.

22 août 2017

À peine plus d’une semaine s’est écoulée depuis que le monde a vu avec horreur et dégoût le terrorisme fasciste mettre fin aux jours de la militante pour les droits de la personne Heather Heyer et marquer profondément la ville de Charlottesville en Virginie. Et pendant cette semaine, un mouvement jugé inoffensif par un trop grand nombre de personnes a trouvé un fervent allié en la personne du président des États-Unis.

Pendant que je voyais se dérouler les événements dévastateurs et la réaction de celui qu’on appelle le leader du monde libre, j’ai tout de suite pensé à ma fille et à son avenir ainsi qu’aux conséquences pour les communautés racialisées du monde entier.

Ensuite, j’ai vu une entrevue qui fait froid dans le dos et qui m’a porté à me demander ce que la fille de Donald Trump, Ivanka, pense de la décision de son père de défendre les tenants de la suprématie blanche qui ont pris d’assaut Charlottesville.

Elle Reeve, correspondante de Vice News, a interviewé un des néonazis armé jusqu’aux dents – Christopher Cantwell – au moment où il s’apprêtait à participer à la marche. Au cours de l’entrevue, M. Cantwell reproche au président Trump de ne pas être suffisamment raciste parce que, dit-il, il a donné sa fille à un Juif.

« Je ne crois pas que vous puissiez avoir des sentiments aussi forts que les miens au sujet des races et laisser ce salaud de Kushner se promener avec cette belle fille », dit M. Cantwell à madame Reeve en faisant allusion à Jared Kushner, gendre et proche conseiller de Donald Trump.

En une phrase, M. Cantwell a illustré le rapport indéniable entre la misogynie, le racisme, la xénophobie et le fascisme, rapport qu’incarne si bien Donald Trump et qui explique peut-être le silence d’Ivanka Trump.

Fidèle à ses habitudes, son père a passé la semaine à résister aux appels à la condamnation des fascistes et a exprimé plutôt à maintes reprises sa solidarité à l’égard des acolytes de M. Cantwell.

Il y avait de « bonnes personnes » a insisté pour dire M. Trump, parmi celles qui ont défilé à Charlottesville en brandissant des armes de calibre militaire, des flambeaux et des symboles nazis, en scandant « la vie des Blancs compte », « les Juifs ne nous remplaceront pas » et, un des slogans préférés d’Hitler, « le sang et le sol » et en attaquant violemment les contre-manifestants qu’ils croisaient. Sous la pression, M. Trump n’a consenti qu’à condamner la violence « de toutes les parties ».

Et quel était l’objet des protestations des fascistes? Le retrait de statues confédérées célébrant les fascistes d’une autre époque qui s’efforçaient de diviser les États-Unis au nom de la défense de l’esclavage.

« Nous devrions chérir notre histoire », a proclamé M. Trump devant les journalistes. « La beauté qui est retirée de nos villes et de nos parcs nous manquera terriblement et ne pourra jamais être remplacée », a-t-il écrit plus tard sur Twitter.

Sa décision de réagir comme il l’a fait a été applaudie rondement par les fascistes actuels et leurs partisans.

« Il a dit qu’ils nous aime tous. Il a aussi refusé de répondre à une question au sujet des nationalistes blancs qui l’appuient. Il n’a condamné personne. Quand on l’a incité à condamner, il a quitté la pièce. C’est vraiment, vraiment bien. Que Dieu le garde », écrivait un partisan de Trump dans le Daily Stormer, site Web étatsunien néonazi et pour la suprématie blanche.

Tout cela est horrifiant et dégoûtant. Mais aucun d’entre nous ne devrait être étonné.

Au cours de la course à la présidence, M. Trump a refusé de prendre ses distances par rapport à l’ancien chef du Ku Klux Klan David Duke, qui comptait parmi les invités de marque au rassemblement fasciste de la semaine dernière. Et depuis qu’il occupe la présidence, M. Trump a fomenté la haine à maintes reprises par ses tirades anti-immigrantes, misogynes et racistes et sa tolérance dangereusement normalisatrice de l’intolérable.

Les manifestants pour la suprématie blanche à Charlottesville comprenaient des Canadiens. Deux d’entre eux, Shawn Beauvais-MacDonald et Vincent Bélanger-Mercure de Montréal, ont été expulsés après leur apparition dans le documentaire de Vice News au cours de laquelle ils serraient chaleureusement la main de M. Cantwell et lui disaient qu‘ils avaient conduit pendant 12 heures pour être sur les lieux.

Ce n’est pas dire qu’il est nécessaire de quitter le Canada pour trouver de la haine meurtrière. Il suffit de se rappeler le meurtre des fidèles musulmans survenu dans une mosquée de Québec en janvier ou le nombre accru des crimes haineux contre les musulmans, les juifs et les communautés racialisées qui ont été signalés cette année. Ou de constater les rassemblements « unir la droite » prévus pour différentes villes canadiennes, dont le premier doit avoir lieu à Vancouver cette fin de semaine et un aura lieu à Toronto, capitale multiculturelle du monde, en septembre.

Donald Trump a échoué à l’épreuve du leadership moral, mais nous devons y réussir. Chaque chef syndical, politique, patronal et communautaire local, régional ou national a pour responsabilité de voir à ce que les fascistes actuels ne reçoivent pas l’appui dont ils ont besoin pour survivre. Nous devons tous nous engager à condamner le racisme qui est encore trop répandu dans nos foyers, nos lieux de travail et nos communautés. Et nous devons tous condamner publiquement et inconditionnellement le racisme et les personnes qui refusent de le condamner.

Parce que ce qui s’est produit à Charlottesville peut se produire n’importe où.

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