Voici maintenant plus de 40 ans que la Commission royale d’enquête sur la condition de la femme a demandé la mise en place d’un programme national de services de garde pour enfants. Cependant, alors que la plupart des mères de jeunes enfants travaillent de nos jours à l’extérieur, le Canada n’est toujours pas doté d’une politique nationale en matière de services de garde à l’enfance. Le manque de financement et de leadership fédéral, auquel s’ajoutent les divergences entre les programmes provinciaux et territoriaux, entraînent une pénurie de garderies abordables et de qualité dans la quasi — totalité du pays. Aujourd’hui, à l’instar de leurs parents et grand-parents, beaucoup de jeunes familles canadiennes sont confrontées à des problèmes d’équité, d’accès et de qualité.
À peine arrivé au pouvoir en 2006, Stephen Harper s’est empressé d’annuler tous les accords conclus avec les provinces et les territoires jetant les bases du premier programme national de services de garde à l’enfance, ainsi que son financement. Le gouvernement Harper a « remplacé » le programme national tant attendu par une allocation mensuelle de 100 dollars aux familles ayant des enfants âgés de 0 à 6 ans. Cette allocation pèse lourdement sur les finances publiques – 2,5 milliards de dollars par an, 15 milliards de dollars au total aujourd’hui, sans aucun résultat tangible.
Dans une étude menée en 2008 par l’UNICEF dans 25 pays, le Canada se situait au plus bas de l’échelle en matière de qualité et d’accès aux services de garde à l’enfance.
Tout le monde en profite
Des services de garde de qualité profitent d’une manière ou d’une autre à l’ensemble de la population canadienne.
Les enfants en profitent, car les garderies de qualité fournissent la simulation intellectuelle et sociale favorable au développement cognitif et aux compétences sociales, tout en contribuant à une bonne qualité
de vie.
Les familles en profitent, car les garderies soulagent les parents qui poursuivent des études, qui sont en formation ou qui travaillent, en assurant un meilleur équilibre travail-vie familiale et en offrant la possibilité aux familles à faible revenu de mieux s’en sortir.
Les femmes, pour qui l’accès à des garderies fiables est indispensable, en profitent. C’est « le moyen d’assurer aux mères l’égalité d’accès à l’emploi » 1. La plupart des mères de jeunes enfants travaillent; en 2012, 69,7 % des mères ayant un enfant âgé de 0 à 2 ans, 76,6 % ayant un enfant âgé de 3 à 5 ans et 84 % ayant un enfant âgé de 6 à 15 ans travaillaient.
L’économie en profite : au Québec, une étude a établi que pour100 dollars investis par les pouvoirs publics dans les services de garde à l’enfance, le Québec touche 104 dollars en impôts et le gouvernement fédéral 43 dollars. Une étude canadienne révèle que chaque dollar public consacré aux services de garde offre à la société un rendement de 2,54 dollars en avantages à court et à long terme, et contribue notablement à la relance économique.
L’ensemble de la population en profite : aujourd’hui, beaucoup de gens s’inquiètent des inégalités croissantes au Canada, que ce soit entre les jeunes et les personnes plus âgées, les races, les catégories sociales ou entre les hommes et les femmes. L’idée selon laquelle les garderies de qualité accessibles sont un important facteur d’égalité dans le pays fait partie intégrante des discussions publiques et politiques autour des liens entre santé et richesse, services publics et justice sociale, économie et démocratie, fiscalité et équité.
La qualité des services de garde est une question très importante et profite à tout le monde. Trente années de recherches le confirment. Les programmes de qualité pour la prise en charge de jeunes enfants leur sont très bénéfiques sur le plan social et au niveau de l’apprentissage. Si la qualité des programmes est insuffisante, les enfants peuvent en pâtir. Cela est particulièrement vrai pour les enfants issus de familles défavorisées.
Un système universel de services de garde à l’enfance profite à tout le monde. Aujourd’hui, les familles d’un bout à l’autre de l’échelle économique réclament des programmes de prise en charge de qualité pour leurs enfants. Selon les études, tous les enfants en profitent, pas seulement ceux dont le développement est considéré à risque. Il est démontré que les programmes universels de santé, sociaux et éducatifs, de qualité et inclusifs, améliorent le niveau d’inclusion sociale et le bien-être d’une population, surtout s’ils encouragent la participation démocratique.
Globalement, les résultats des études et le bon sens prouvent bien que nous avons tous et toutes beaucoup à gagner d’un système universel de services de garde qui inclut tous les enfants et toutes les familles, quels que soient leurs revenus, les enfants handicapés, les nouveaux arrivants au Canada, les résidents de longue date, les jeunes parents et les grands-parents.
En avons-nous les moyens?
Le Canada dépense beaucoup moins que d’autres pays pour l’éducation préscolaire et les services de garde à l’enfance. La valeur de référence recommandée par l’UNICEF est de 1 % du produit intérieur brut (PIB), mais selon les études internationales, les dépenses publiques du Canada en la matière sont les plus faibles des 14 pays de l’OCDE. Pourtant, d’après les indicateurs internationaux (p. ex., le PIB par habitant), nous sommes plus riches que la plupart des pays qui dépensent davantage pour les enfants et les familles. Lorsqu’il s’agit de programmes pour les jeunes enfants, certains pays moins riches dépensent jusqu’à 2 % de leur PIB, par comparaison avec le 0,3 % du Canada.
Au Canada, les frais élevés des garderies sont l’un des principaux obstacles pour les familles ordinaires. Cela est principalement dû à l’insuffisance et à l’incohérence du financement public des services de garde. Les salaires du personnel (le plus gros poste budgétaire des services de garde) et les autres dépenses comme la nourriture, les équipements et les loyers dépendent donc directement de la capacité à payer des parents. En conséquence, l’accès et la qualité laissent souvent à désirer.
Les frais sont très variables d’une région à l’autre, ce qui reflète comment et combien les provinces et les territoires investissent dans les services de garde. C’est au Québec que les parents payent le moins; les parents québécois payent 7 $/jour (154 $/mois), quels que soient leurs revenus, l’âge et les types de garderies réglementées. Comme au Québec, ce sont les gouvernements provinciaux qui fixent les tarifs au Manitoba et sur l’Île-du-Prince-Édouard, 431 $/mois et 566 $/mois en moyenne respectivement pour un tout-petit et pour toute la journée. En Ontario, les frais s’élèvent à 925 $/mois. Il existe des différences de tarifs à l’intérieur même de certaines provinces. Les parents peuvent se retrouver à payer 1 800 $/mois ou même plus à Ottawa ou à Vancouver!
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