Les femmes canadiennes sont plus nombreuses que jamais à travailler : 70 % des travailleuses ont des enfants âgés de moins de cinq ans. Les services de garde à l’enfance permettent aux femmes de poursuivre leurs rêves : décrocher un bon emploi, subvenir aux besoins de leur famille et bâtir une carrière, entreprendre des études ou une formation professionnelle et plus encore.
Les services de garde à l’enfance sont reconnu universellement comme élément fondamental de l’égalité des femmes. C’est positif pour le développement de l’enfant et cela donne à tous un départ équitable dans la vie quel que soit le niveau de revenus ou le milieu social.
Comment assurer à tous l’accès à des garderies de qualité à prix abordable?
- Le gouvernement fédéral doit s’asseoir avec les provinces et les territoires pour concrétiser la vision d’un programme national de services de garde à l’enfance.
- Les services de garde à l’enfance doivent être flexibles, universels, abordables, publics ou à but non lucratif et de haute qualité.
- Il faut mettre fin à la prolifération des « chaînes » de garderies privées au Canada.
- Il faut demander la création d’autres services et programmes publics et négocier des conditions de travail pour aider les femmes à concilier leurs responsabilités professionnelles et familiales.
Malgré cela, l’accès à des garderies de qualité à prix abordable demeure un grave problème dans tout le Canada. Trop de familles ont des difficultés à trouver des garderies de qualité et doivent se débrouiller tant bien que mal pour trouver des solutions abordables. Pour de nombreuses familles, les services de garde arrivent au deuxième rang des dépenses les plus importantes après les frais de logement. Et pour les familles qui ont plus d’un enfant, les frais de garde peuvent dépasser le montant des remboursements d’hypothèque ou du loyer. Mais cela ne devient un problème qu’à condition d’avoir trouvé une place.
À l’heure actuelle:
- Il n’existe de places réglementées en garderie que pour environ 20% des enfants âgés de moins de cinq ans.
- Pour les nourrissons et les tout-petits, les enfants handicapés, les autochtones et les enfants des zones rurales, les places sont encore plus difficiles à trouver.
- Les listes d’attente sont souvent tellement longues (20 000 à Toronto n’importe quel jour de l’année) que de nombreuses familles n’arrivent jamais en haut de la liste.
Cette question va bien au-delà des besoins des mères qui travaillent, elle concerne aussi les femmes qui ne sont pas admissibles à l’assurance-emploi (AE) et qui par conséquent n’ont droit ni au congé de maternité ni au congé parental. Parallèlement, les femmes continuent d’assurer la plupart des tâches non rémunérées, travaux domestiques ou soins, entre autres. Il existe une meilleure façon de faire.
Pourquoi le Canada n’a-t-il pas de système de garde d’enfants?
En 2005, des experts et des avocats avaient enfin réussi à convaincre le gouvernement fédéral de créer les accords relatifs aux services de garde avec les provinces et les territoires. Même si ce n’était pas idéal, il s’agissait d’une grande victoire. En 2006, le gouvernement conservateur de Stephen Harper a annulé ces accords. Il a ensuite introduit une allocation imposable de 100 $ par mois pour les parents d’enfants âgés de moins de six ans (ce qui couvre à peine 1,5 jours de garderie dans de nombreuses collectivités).
Certaines provinces ont réussi à améliorer l’accès aux services de garde, mais seul le Québec a mis en oeuvre une approche à l’échelle du système pour rendre ces derniers abordables et accessibles à tous. Parallèlement, le gouvernement fédéral a laissé les garderies à but lucratif se développer à un rythme alarmant, en dépit des preuves sérieuses que la qualité des garderies privées est souvent moindre, qu’elles soient petites et individuelles ou au contraire de véritables « chaînes ».
Lorsque les services de garde à l’enfance ont le profit comme objectif, les salaires sont bas, le roulement du personnel est élevé et la qualité en souffre.
Ce que font les syndicats
Les travailleuses et les travailleurs ont exigé et obtenu des congés pour s’occuper de leurs enfants quand ces derniers sont malades, l’allongement des vacances et d’autres moyens de concilier travail et vie de famille. Grâce à leurs efforts concertés, des fonds parrainés par les employeurs ont été créés pour aider les familles à payer les services de garde, et des garderies en milieu de travail ont pu même voir le jour. Cependant, faute de programmes fédéraux
garantissant l’accès et la qualité de l’éducation préscolaire et des services de garde, cela restera pour les familles une question de chance – habiter au bon endroit, avoir les moyens financiers, s’inscrire à temps sur une liste d’attente ou même accoucher au bon moment.
La recherche démontre que les investissements du gouvernement québécois dans son programme de services de garde, où les parents payent 7 $ par jour, ont été largement couverts par les revenus annuels des mères et les contributions fiscales qu’elles versent. Le nombre de travailleuses a augmenté de 3,8 %; 5,2 milliards $ de plus ont ainsi été injectés dans l’économie québécoise et le produit intérieur brut de la province a augmenté de 1,7 %. Le québec offre également des congés parentaux prolongés et flexibles ainsi qu’un congé de cinq semaines à l’autre parent. D’autres provinces et territoires devraient s’inspirer de l’approche québécoise.
Il est temps pour le gouvernement fédéral de s’attaquer sérieusement à ce problème. Il faut pour les femmes et leurs familles des services de garderie qui soulagent les femmes et leur permettent de concilier travail et vie de famille. Nous savons qu’il est possible de mettre en oeuvre un programme de garde avantageux pour toutes les Canadiennes et tous les Canadiens, au moyen de politiques adaptées et d’une volonté réelle des pouvoirs publics. C’est pourquoi les syndicats poussent les politiciens à inscrire la question des services de garde à l’enfance à l’ordre du jour.