Bruske : Comment le Canada peut créer des emplois durables alors que nous faisons le virage vers un avenir faible en carbone
Par Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada, publié dans le Ottawa Citizen
Le projet de loi C-50, qui vient d’être déposé, présente une feuille de route pour rendre l’économie canadienne concurrentielle pour de nombreuses années.
« À l’échelle mondiale, les investissements dans les énergies propres sont maintenant pour la première fois supérieurs aux dépenses en pétrole et en gaz. » Des feux de forêt dévastateurs aux tempêtes d’une violence extrême, chaque jour nous rappelle les impacts et la nécessité de prendre des mesures immédiates à l’égard des changements climatiques. Les changements climatiques constituent une réalité indéniable et leurs effets s’aggravent. Peu importe qui sera au pouvoir dans dix ans, le Canada doit agir dès maintenant pour remplir son rôle dans la lutte mondiale contre les changements climatiques tout en assurant sa position dans le futur de l’économie à faibles émissions de carbone.
L’année dernière, les États-Unis ont fait un pas de géant avec l’adoption de la loi « Inflation Reduction Act » (IRA), exerçant d’immenses pressions sur le Canada pour qu’il garde le rythme ou risque de prendre du retard. L’IRA décrit le plan de l’administration Biden visant à réduire les émissions, à investir dans les énergies propres et à fournir un soutien direct aux collectivités.
La réponse du gouvernement du Canada a commencé à prendre forme lorsqu’il s’est engagé à investir 80 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie et a signé des accords notables avec Volkswagen et Stellantis. Avec l’adoption du projet de loi C‑50, Loi sur les emplois durables, le Canada fait un pas important de plus pour nos travailleurs et travailleuses et nos entreprises. Cette législation présente une feuille de route pour rendre l’économie canadienne concurrentielle pour de nombreuses années.
À l’échelle mondiale, les investissements dans les énergies propres ont dépassé pour la première fois les dépenses en pétrole et en gaz, ce qui signale la transformation la plus importante de notre économie de mémoire récente. Face à une concurrence internationale féroce pour attirer de nouveaux investissements, le Canada risque de perdre jusqu’à 600 milliards de dollars au cours des 15 prochaines années si nous ne parvenons pas à faire les choses comme il faut.
Notre avantage concurrentiel réside dans la collaboration entre les entreprises, les travailleurs et le gouvernement du Canada pour s’assurer que les nouveaux investissements industriels incitent les entreprises à faire des affaires au Canada et que cette nouvelle activité économique apporte des avantages tangibles à notre population et à nos collectivités.
Cette nouvelle loi établit un Conseil des partenariats sur les emplois durables, réunissant des travailleurs et des entreprises, qui conseillera le gouvernement sur les meilleures façons de créer des emplois durables dans cette nouvelle économie. Nous croyons que l’approche du Canada doit être centrée sur le principe fondamental selon lequel les travailleurs méritent une place importante à la table et d’avoir voix au chapitre dans la prise de décisions concernant la stratégie industrielle du Canada. Nous devons fournir aux travailleurs une voie vers les bons emplois de demain, tout en donnant véritablement la parole au mouvement syndical dans toute nouvelle instance gouvernementale qui prend des décisions sur l’avenir des travailleurs.
Les multinationales possèdent des tribunes influentes et un lobby puissant. Elles donnent la priorité aux intérêts de leurs investisseurs. Mais le mouvement syndical du Canada représente tout le monde et présente les expériences et les idées uniques des travailleuses et travailleurs canadiens.
Les décisions que nous prenons maintenant détermineront si nous bâtissons des communautés prospères, qui reposent sur de bons emplois syndiqués permettant de soutenir une famille avec un salaire décent, un régime de retraite et des avantages sociaux. En offrant une meilleure formation et un meilleur soutien à l’apprentissage, les gens pourront conserver leur emploi tandis que leur industrie prend le virage vers de nouvelles technologies à faibles émissions de carbone ou acquérir les compétences dont ils ont besoin pour occuper de nouveaux emplois. Nous avons également une occasion, qui ne se présente qu’une seule fois par génération, de créer des débouchés pour les personnes historiquement exclues, dont les femmes, les travailleuses et travailleurs autochtones, racialisés et en situation de handicap, ainsi que ceux d’autres groupes à la recherche de l’équité.
En réunissant le milieu syndical, les industries et le gouvernement, la Loi sur les emplois durables offre une nouvelle approche qui peut positionner le Canada à l’avant-plan de l’économie mondiale faible en carbone. En travaillant ensemble, nous pouvons créer de bons emplois syndiqués tout en aidant les entreprises à faire la conversion à des technologies plus propres, à faire le passage vers des emplois manufacturiers à faibles émissions et à faire en sorte que le Canada devienne un des principaux fournisseurs de minéraux critiques nécessaires aux nouvelles technologies à faibles émissions de carbone.
C’est ainsi que nous bâtirons les collectivités prospères que les Canadiennes et Canadiens souhaitent pour leurs enfants et leurs petits-enfants.
Bea Bruske est la présidente du Congrès du travail du Canada. Vous pouvez la suivre sur Twitter @PresidentCLC