Mouvement syndical : défendez les droits des travailleurs et des travailleuses plutôt que les plateformes
Le Congrès du travail du Canada et les fédérations provinciales et territoriales du travail trouvent que la proposition d’Uber, intitulée Flexible Work+, est dangereuse et menaçante. Elle va à l’encontre des droits et de la dignité des travailleurs et travailleuses. L’entreprise a indiqué vouloir faire pression sur les gouvernements afin qu’ils créent un nouveau statut d’emploi pour le travail exercé sur les plateformes. Comme la Proposition 22 en Californie, Uber souhaite que les lois canadiennes favorisent la précarité et de mauvaises conditions de travail pour ces travailleurs et ces travailleuses tout en les empêchant de se syndiquer afin d’améliorer leur sort.
Le mouvement syndical canadien s’unit au mouvement mondial grandissant qui exige que les travailleurs et travailleuses de l’économie de plateformes jouissent des mêmes droits et protections que les autres personnes salariées.
La pandémie de la COVID-19 nous a appris bien des leçons. Elle a révélé l’ampleur du travail précaire dans notre pays. De plus, elle a mis en évidence le fait que le travail essentiel accompli par de nombreuses personnes est habituellement mal payé et dévalorisé. Les membres du personnel d’épicerie, les chauffeurs-livreurs, les coursiers à vélo et de nombreux autres travailleurs et travailleuses contribuent de façon cruciale au fonctionnement de notre économie et à notre approvisionnement en produits essentiels. Ce travail compte, et les personnes qui l’accomplissent comptent elles aussi.
Les gouvernements ont pour responsabilité d’améliorer le travail et d’assurer la sécurité et une rémunération équitable aux travailleurs et travailleuses. Ces derniers indiquent clairement que c’est ce qu’ils veulent. Dans le monde entier, les personnes qui travaillent sur les plateformes défendent leurs droits, exigent qu’on cesse de les catégoriser à tort comme des travailleurs autonomes et s’unissent pour améliorer leurs conditions de travail. La récente décision de la Cour suprême britannique et des décisions semblables rendues en Espagne et en Corée du Sud montrent que le vent est en train de tourner en faveur des travailleurs et des travailleuses de plateformes.
Uber emploie la manière forte afin de faire échec au mouvement qui vise à assurer l’équité et la justice pour les travailleurs et travailleuses de l’économie de plateformes. Si l’entreprise voulait offrir des avantages sociaux ou une meilleure formation à son personnel, elle pourrait le faire dès maintenant.
Qui plus est, les personnes attirées par la promesse de flexibilité des plateformes comme Uber constatent qu’elles se retrouvent à la merci des fluctuations de la demande des consommateurs et des consommatrices et d’algorithmes qui déterminent quand elles devraient travailler et combien elles gagneront. Elles n’ont aucune protection et aucun recours contre la désactivation arbitraire ou la modification de leurs conditions de travail. Depuis le début de la pandémie, de nombreux travailleurs et travailleuses signalent que leur rémunération n’a cessé de diminuer et qu’ils travaillent dans des conditions dangereuses.
Les personnes qui travaillent sur les plateformes devraient avoir les mêmes protections et droits en matière d’emploi que les autres travailleurs et travailleuses. Elles doivent en outre pouvoir jouir du droit fondamental de se syndiquer et de négocier collectivement. L’enjeu est trop important pour que nous les laissions tomber. Les droits des travailleurs et travailleuses ne portent pas que sur des individus. Ils sont la base de bon nombre de nos programmes sociaux les plus importants. Le Régime de pensions du Canada, le Régime de rentes du Québec et l’assurance-emploi comptent tous sur la participation à la fois des travailleurs et des employeurs. Cette participation est garante de notre sécurité économique pendant notre vie de travail ou notre retraite. Les droits des personnes qui travaillent sur les plateformes sont étroitement liés à ceux de tous les autres membres de la population active.
Nous incitons les gouvernements provinciaux, territoriaux et fédéral à protéger les personnes qui travaillent sur les plateformes en :
Appliquant universellement les normes d’emploi et en éliminant les exceptions et les catégories spéciales qui réduisent les droits des travailleurs et travailleuses;
Instaurant une présomption de salariat pour les travailleurs et les travailleuses afin que ce soit à l’employeur de prouver qu’une travailleuse ou un travailleur n’est pas un salarié et doit plutôt être considéré comme un travailleur autonome;
Protégeant le droit des travailleurs et des travailleuses d’adhérer au syndicat de leur choix et en levant les obstacles à la syndicalisation.
Congrès du travail du Canada
Fédération du travail de l’Alberta
Fédération du travail de la Colombie-Britannique
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec
Fédération du travail du Manitoba
Fédération des travailleuses et travailleurs du Nouveau-Brunswick
Fédération du travail de Terre-Neuve et du Labrador
Fédération du travail des Territoires du Nord
Fédération du travail de la Nouvelle-Écosse
Fédération du travail de l’Ontario
Fédération du travail de l’Île-du-Prince-Édouard
Fédération du travail de la Saskatchewan
Fédération du travail du Yukon