Pour atteindre l’égalité entre les sexes, les décideurs du Canada doivent privilégier les investissements dans les soins
Les syndicats du Canada marquent la Semaine de l’égalité des sexes en demandant au gouvernement fédéral de réduire et de redistribuer le travail de soins non rémunéré qu’accomplissent les femmes et d’aider à réparer les systèmes de soins défectueux du Canada.
« Les investissements dans les soins sont essentiels si nous voulons réduire et redistribuer le travail non rémunéré des femmes et ouvrir la voie à un travail rémunéré, ou à l’accès à l’éducation ou à la formation », a déclaré Bea Bruske, présidente du CTC. « Pour que les femmes aient des chances égales et un accès égal au marché du travail, le Canada doit absolument régler la crise des soins. En plus de leurs tâches de soins non rémunérées, de nombreuses femmes occupent des emplois dans les soins : des emplois sous-évalués, sous-payés et souvent dans des conditions de travail médiocres. Il faut apporter des changements radicaux pour parvenir à une véritable égalité des sexes. »
On estime que l’économie canadienne des soins emploie environ un travailleur sur cinq de la population active canadienne. Le travail de soins (soins de santé, éducation, garde d’enfants, services aux aînés, travail domestique, services sociaux, soins aux personnes en situation de handicap, centres communautaires, etc.) est crucial pour nos communautés et notre économie.
Or, en raison des années d’insuffisance de financement public, combinées à une privatisation accrue et à une tendance inquiétante de déplacement des soins vers les entreprises à but lucratif, nous nous retrouvons avec un système de soins déficient. Selon l’OCDE, le Canada se classe parmi les derniers des pays riches pour ce qui est des dépenses publiques au titre des services sociaux. Cela a entraîné une diminution du niveau de qualité des soins ainsi qu’une érosion globale des conditions de travail décentes pour le personnel de l’économie des soins.
C’est pourquoi les syndicats du Canada ont récemment lancé Prenons Soin, une campagne nationale visant à mettre en valeur le personnel de la santé au Canada et à demander des investissements pour réparer les systèmes de soins qui sont en difficulté.
Au Canada, les femmes représentent près de 75 % du personnel des soins, et les recherches indiquent que leur participation au travail de soins, en particulier les soins non rémunérés, est un facteur essentiel qui détermine leur emploi et la trajectoire de leurs revenus durant toute leur vie. Statistique Canada a estimé que pendant la seule année 2019, la valeur économique du travail domestique non rémunéré au Canada était de l’ordre de 515 à 860 milliards de dollars. Cela revient à un quart, voire à 37 % du PIB nominal cette année-là.
« La Semaine de l’égalité des sexes est une occasion importante pour notre gouvernement fédéral de faire le point sur les inégalités entre les genres dans nos systèmes de soins déficients et de s’engager à agir », a déclaré Siobhán Vipond, vice-présidente exécutive du CTC. « Il est grand temps que les décideurs fédéraux prennent des mesures et montrent que cela est important pour eux en réparant les systèmes de soins défectueux du Canada. »
Les syndicats demandent au gouvernement fédéral de s’attaquer à la crise des soins en :
- Créant une commission de l’économie des soins qui serait chargée de concevoir, d’établir et de mettre en œuvre une stratégie globale canadienne sur les soins;
- Procédant à des investissements importants et soutenus dans l’infrastructure sociale et le travail de soins publics pour assurer une relance économique équitable et durable;
- Établissant des normes et procédant à des investissements pour combler les lacunes et rectifier l’iniquité des soins fournis aux personnes âgées et aux personnes ayant un handicap, y compris les soins de longue durée, les soins à domicile et les soins palliatifs;
- S’assurant que les nouveaux investissements dans l’apprentissage et l’éducation des jeunes enfants dans chaque province et territoire permettent de lutter contre la crise de personnel dans les services de garde à l’enfance;
- Ratifiant la Convention no 189 de l’Organisation internationale du Travail pour assurer un travail décent et des protections aux travailleuses et travailleurs domestiques;
- Donnant accès à la résidence permanente à tous les travailleurs et travailleuses migrants, dont bon nombre fournissent des soins, pour qu’ils puissent bénéficier de toutes les protections nécessaires pour prévenir leur exploitation et les abus à leur égard.
« Nos emplois, nos familles et notre économie dépendent du fait que nos besoins en matière de soins sont comblés », a déclaré madame Bruske. « Il nous faut un leadership fédéral pour faire du Canada un endroit où chaque personne obtient les soins dont elle a besoin et où le personnel des soins obtient la reconnaissance, le soutien et la rémunération qu’il mérite. »