Syndicats du Canada : ne nous réjouissons pas trop tôt des statistiques sur l’emploi
Bruske : Les salaires augmentent moins vite que le coût de la vie, et le personnel de certains secteurs est laissé pour compte
OTTAWA – Selon l’Enquête sur la population active publiée aujourd’hui par Statistique Canada, le tableau excessivement rose de la reprise économique que brossent certaines personnes ne résiste pas à un examen plus poussé des statistiques.
Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada (CTC) fait remarquer que la réalité de bien des travailleurs et travailleuses n’est pas aussi positive. Certaines personnes, et particulièrement celles qui travaillent dans des secteurs où les salaires sont bas, n’arrivent tout simplement pas à se remettre comme l’ont fait celles qui travaillent dans certains secteurs des services professionnels et d’autres secteurs où les salaires sont élevés. Entre-temps, l’emploi dans les services d’hébergement et de restauration, qui était faible même avant le début de la pandémie, demeure inférieur de 17 % aux niveaux d’avant la pandémie.
« Pendant que l’inflation et la hausse des taux d’intérêt contraignent les budgets familiaux, les salaires n’augmentent tout simplement pas au même rythme et la reprise de l’emploi est inégale. Le salaire horaire moyen n’est que de 3,1 % plus élevé qu’il y a un an, alors que l’inflation a été de 5,1 % », dit madame Bruske. « La réalité est que les statistiques positives sur le nombre des emplois cachent le fait que des centaines de milliers de travailleurs et travailleuses canadiens sont laissés pour compte. »
Madame Bruske réfute par ailleurs le discours de certains membres du milieu des affaires au sujet des pénuries de main-d’œuvre en soulignant que le véritable problème qui se pose dans bien des secteurs est que les salaires sont inéquitables et les conditions de travail inacceptables.
« Dans certains secteurs, comme celui de la santé, il y a de vraies pénuries de
main-d’œuvre qu’il y a lieu de combler, mais il arrive souvent que les pénuries dont on entend parler sont le fait d’employeurs se plaignant de ne plus pouvoir trouver des personnes qui acceptent les salaires des plus bas qu’ils ont l’habitude de verser », précise madame Bruske. « Si les restaurants, les commerces de détail et les autres employeurs à bas salaire rémunéraient mieux leur personnel et offraient de vrais avantages sociaux et des heures de travail prévisibles, ils trouveraient des gens pouvant occuper leurs emplois. »
Madame Bruske ajoute qu’à l’examen des statistiques les plus récentes sur l’emploi, il faut voir au-delà des nombres des niveaux supérieurs pour bien comprendre l’ensemble de la situation. Selon Statistique Canada, le taux de chômage aurait été de 7,4 % le mois dernier s’il avait été tenu compte des personnes qui souhaitaient avoir un emploi mais n’en ont pas cherché.
« De très nombreuses personnes sont découragées de participer au marché du travail actuel parce qu’elles n’arrivent pas à trouver des emplois décents et stables. Nous avons tous hâte de déclarer la pandémie finie, mais le rétablissement de l’économie est un marathon, et non un sprint », conclut madame Bruske. « Un trop grand nombre de travailleurs et travailleuses et de familles ne profitent pas de la reprise économique alors que les gouvernements et les employeurs s’en réjouissent trop tôt. »
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