Aux féministes syndiquées, en cette Journée internationale des femmes, je vous rends hommage
Mes amies,
Pendant des dizaines d’années, vous avez mené le combat pour améliorer les droits des femmes et l’égalité des genres au travail. Des années de plaidoyer inlassable, sur plusieurs générations, ont fait pencher la balance au fil des initiatives de lobbying, des campagnes, des conversations et des rassemblements, pour nous rapprocher encore plus de notre objectif de parvenir au monde féministe et équitable dont rêvaient celles qui nous ont précédées.
Ne vous méprenez pas, car notre travail pour faire progresser les droits des femmes sur le lieu de travail est loin d’être terminé. Il reste encore beaucoup à faire pour éradiquer le sexisme et le patriarcat de nos lieux de travail, et cela ne se fera pas du jour au lendemain.
Nous pourrions certainement consacrer notre temps, en cette Journée internationale des femmes, à faire le point sur les défis qui persistent, et nous le ferons, mais je ne veux pas non plus que nous nous arrêtions là.
Cette année, je veux célébrer.
Car lorsque je regarde notre mouvement de femmes syndiquées déterminées, il ne fait aucun doute que nous provoquons des changements.
En tant que championnes de la justice de genre, vous repoussez constamment les limites, en vous appuyant sur vos identités de femmes noires, autochtones et racialisées, de femmes 2SLGBTQI+ et de femmes en situation de handicap afin de continuer à renforcer et à établir un programme fondé sur des principes d’équité pour notre mouvement syndical.
Je ne peux m’empêcher d’être fière devant les gains énormes que nous avons réalisés au fil des ans. Des victoires qui nous rapprochent chaque jour davantage de lieux de travail féministes et équitables que les syndicats revendiquent depuis des générations.
Au cours des cinq dernières années seulement, nous avons obtenu une loi fédérale sur l’équité salariale, nous sommes sur la voie d’instaurer un régime national de services de garde d’enfants, nous avons obtenu un congé payé en cas de violence familiale dans presque toutes les provinces au pays et, plus récemment, nous avons réussi à convaincre notre gouvernement fédéral de ratifier une nouvelle norme internationale du travail sur la violence et le harcèlement au travail.
Et ce n’est pas tout.
Lorsque nous nous soutenons les unes et les autres, nous accomplissons des choses phénoménales.
Je pense à Laura Walton, du Syndicat canadien de la fonction publique, qui s’est levée pour défendre les 55 000 travailleuses et travailleurs de l’éducation de l’Ontario qui ont débrayé l’automne dernier, et dont la grève réussie a permis au personnel de l’éducation de toute la province de remporter des victoires importantes en améliorant considérablement les salaires et les conditions de travail.
Chaque jour, je me souviens aussi de celles qui ont brisé les plafonds de verre : Grace Hartman, la première femme à diriger un syndicat national en Amérique du Nord, Shirley Carr, la première femme élue à la tête du Congrès du travail du Canada, Jan Simpson, la première femme noire à être élue présidente du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, Irene Lanzinger, la première femme élue à la présidence de la Fédération du travail de la Colombie-Britannique et Patty Coates, la première femme à diriger la Fédération du travail de l’Ontario.
Et plus récemment, Magali Picard a brisé un autre plafond de verre. Pour la première fois de son histoire, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec a élu une femme et la première personne autochtone à sa présidence.
Ce ne sont là que quelques exemples des féministes courageuses et allumées qui composent notre mouvement. Nous sommes toutes redevables à ces femmes syndiquées de si grande envergure comme elles et à celles qui les ont précédées.
Nous appartenons à une lignée de travailleuses indéfectibles dont nous pouvons être fières et qui ont ouvert la voie à l’équité et à l’inclusion; leurs efforts ont aussi mené à l’obtention de congés parentaux et de maternité payés, du droit d’être rémunérées pour la valeur de notre travail, du droit à un monde du travail dénué de violence et de harcèlement, des gains révolutionnaires dont bénéficient aujourd’hui les travailleuses et travailleurs de tous les genres d’un océan à l’autre.
Ensemble, nous avons fondamentalement transformé le paysage de la justice au travail au Canada.
Nous sommes plus fortes que jamais et notre travail ne fait que commencer.
En toute solidarité!
Bea
Bea Bruske est présidente du Congrès du travail du Canada. Vous pouvez la suivre sur Twitter @PresidentCLC