Mouvement pro-travailleurs chez les démocrates : mauvais signe pour Poilievre et Trump
Par Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada, tel que publié dans National Newswatch
Les travailleurs et travailleuses posent un problème à Donald Trump. Au moment où il envisage de remporter une victoire éventuelle en novembre, les démocrates ont stratégiquement choisi un syndicaliste en tant que colistier de Kamala Harris.
Même si Trump a tenté à maintes reprises d’amadouer les travailleurs et travailleuses, le choix de vice-président des démocrates a fait déferler une nouvelle vague sur le parti, à laquelle on peut assister pleinement cette semaine au cours du congrès national du Parti démocrate.
Dans le paysage politique actuel, les discours favorables aux travailleurs et travailleuses deviennent courants des deux côtés de la frontière, même chez des personnes qui se sont toujours opposées aux droits des travailleurs et travailleuses.
Ici, au Canada, à l’approche de la prochaine élection fédérale, les politiciens de tous les horizons politiques se hasardent à exprimer des messages pro-travailleurs. Les chefs de parti s’efforcent d’exploiter les frustrations légitimes qu’éprouvent les travailleurs et travailleuses.
Et cela n’a rien d’étonnant. Vu la montée en flèche des coûts de l’épicerie, du logement et d’autres nécessités, de nombreuses familles travailleuses sont en difficulté. Si un parti arrive à les convaincre qu’il est le mieux placé pour résoudre les difficultés des travailleurs travailleuses, il pourra s’assurer l’appui de cette part cruciale de l’électorat.
Comment distinguer les politiciens qui font semblant des personnes vraiment engagées à aider les travailleurs et travailleuses? Nous pouvons en apprendre des É.-U.
Regardons les républicains de Trump. Même si M. Trump est un milliardaire qui s’est toujours opposé aux droits des travailleurs et travailleuses, les républicains ont dernièrement adopté une position prosyndicale pendant que les syndicats jouissent d’un appui répandu parmi la classe travailleuse. L’adhésion syndicale assure des salaires plus équitables, de meilleurs avantages sociaux, le respect au travail et la sécurité financière au cours de la retraite – de telle sorte que les personnes qui ont toujours dirigé les attaques antisyndicales prétendent désormais être prosyndicales.
Comparez cette attitude à celle du candidat à la vice-présidence Tim Walz. On peut s’identifier à M. Walz, ancien enseignant et entraîneur de football. C’est une personne qui pourrait être votre voisin et qui pourrait causer avec vous pendant une course scolaire. En tant que membre de syndicat actif ayant toujours appuyé les politiques favorables au mouvement syndical, M. Walz a beaucoup de crédibilité auprès de la classe travailleuse.
À titre de gouverneur du Minnesota animé par un mouvement de la base des travailleurs et travailleuses et de leurs syndicats, M. Walz a adopté des politiques qui trouvent résonance auprès des familles travailleuses, par exemple sur l’équité fiscale, les congés de maladie payés et les repas gratuits dans les écoles pour tous les enfants de son État. Voilà le genre d’antécédents pro-travailleurs que les familles laborieuses peuvent appuyer – ce qui n’est pas bon signe pour le chef conservateur Pierre Poilievre.
M. Poilievre a attaqué les militantes et militants syndicaux. Il a voté à maintes reprises pour ordonner le retour de grévistes au travail et a imposé des règlements à bas salaires aux travailleurs et travailleuses.
Du temps où il faisait partie du gouvernement de Stephen Harper, il a dirigé des efforts visant à nuire à la capacité d’agir des syndicats, se vantant de vouloir créer des milieux de travail non syndiqués et menant une campagne pour faire adopter des lois sur le droit au travail sans adhésion syndicale au Canada. Il a en outre aidé à s’en prendre au Régime de pensions du Canada, à affaiblir l’assurance-emploi et à réduire de milliards de dollars le financement des soins de santé.
Malgré son discours récent, M. Poilievre n’a pas changé son fusil d’épaule depuis qu’il est devenu chef de parti. Depuis un an, son parti et lui ont tout fait pour bloquer des lois pro-travailleurs. Ils ont voté contre et employé toutes les tactiques procédurales possibles pour retarder l’adoption de la Loi sur les emplois durables, qui est destinée à créer et à protéger de bons emplois syndiqués et à donner aux travailleurs et travailleuses un mot à dire sur l’avenir du travail. Ils se sont en outre opposés à des projets de loi visant à aider à payer le coût des loyers élevés et ont voté contre les soins dentaires et l’assurance-médicaments pour des millions de personnes vivant au Canada.
En ces temps où les dirigeants politiques prêtent plus d’attention que jamais à la classe laborieuse, les travailleurs et travailleuses sont de moins en moins susceptibles de se laisser duper par des politiciens qui prétendent les appuyer alors qu’ils s’efforcent de compromettre leurs droits et d’affaiblir les syndicats.
Tout politicien qui, comme Donald Trump, prétend appuyer les travailleurs et travailleuses alors qu’il préconise un programme anti-travailleurs a un problème. La seule solution est d’être vraiment pro-travailleurs.