Le canada déclare illégal le syndicat des travailleurs industriels du monde (industrial workers of the world-iww)
Le 24 septembre 1918, le gouvernement déclare illégale l’adhésion au syndicat des Travailleurs industriels du monde (IWW). En cas d’infraction, la peine maximale encourue est de cinq ans à purger dans l’un des vingt-quatre camps d’internement.
La guerre fait ressortir ce qu’il y a pire chez les êtres humains et en temps de guerre les gouvernements jouent souvent sur la peur dans leur propagande – peur de « l’autre », peur de « l’inconnu ». Pendant la Première Guerre mondiale, les publications et les organisations radicales, dont beaucoup de membres venaient d’Europe de l’Est, furent prises pour cible.
Dans les semaines qui suivirent le début de la guerre en août 1914, le Canada promulgua la Loi sur les mesures de guerre. En 1916, un décret instaura la censure de la presse. Parmi les 253 publications interdites pendant la guerre, 164 étaient écrites dans une langue autre que le français ou l’anglais. Mais ce furent la révolution russe de 1917 et le retrait militaire de la Russie qui poussèrent le gouvernement du Canada à durcir ses mesures contre toute forme de dissidence sociale.
Le gouvernement fédéral mit en place le décret CP2384 interdisant les organisations politiques et syndicales, notamment celles menées par des individus d’origine allemande, russe, ukrainienne et polonaise. Il supprima la liberté d’association, de réunion et d’expression pour de nombreux Canadiens et Canadiennes.
Le syndicat de tendance radicale les Travailleurs industriels du monde (IWW) – surnommés les « Wobblies » – fut l’une des organisations syndicales visées par l’interdiction. Fondé en 1905 à Chicago, ce syndicat du secteur industriel s’était rapidement étendu dans toute l’Amérique du Nord. En 1906, il ouvrait ses premiers chapitres canadiens en Colombie-Britannique.
L’objectif de l’IWW était de regrouper les travailleuses et les travailleurs dans un syndicat unique par opposition à la tradition des métiers. Le syndicat organisait tout les travailleurs, y compris ceux qui vivaient en marge de la société – femmes, travailleurs de couleur, main-d’œuvre non qualifiée, pauvres et immigrants de fraîche date. Ils croyaient en un « syndicalisme révolutionnaire » où une fois organisés, les travailleuses et les travailleurs déclencheraient une grève générale et remplaceraient le régime capitaliste par une société gérée par les ouvriers. Les Wobblies s’opposaient également à la Première Guerre mondiale et à ses conséquences sur les travailleuses et les travailleurs. Ils devinrent dès lors les ennemis du Premier Ministre Robert Borden et du gouvernement canadien.
Le 24 septembre 1918, le gouvernement Borden déclara illégale l’adhésion aux Travailleurs industriels du monde et à treize autres organisations (principalement des organisations politiques ethniques radicales). En cas d’infraction (adhésion ou affiliation), la peine maximale encourue était de cinq ans à purger dans l’un des vingt‑quatre camps d’internement.
L’idéologie des Wobblies fut cependant plus difficile à éradiquer. Lorsqu’en 1919 les travailleuses et travailleurs de l’Ouest canadien formèrent une organisation appelée la One Big Union (Un grand syndicat – OBU), ils s’alignèrent en partie sur les principes de l’IWW. Aujourd’hui, chaque fois que l’on entend chanter « Solidarité Mes Frères Et Mes Soeurs » sur une ligne de piquetage ou à une assemblée syndicale, c’est l’esprit de l’IWW qui revit car cette chanson était son hymne!