Le 1er décembre 1911, l’American Magazine publiait un poème inédit intitulé « Bread and Roses ». Au cours des quelques années suivantes, il allait devenir l’hymne du mouvement syndical lié à la lutte pour la justice sociale et l’égalité.
C’est le slogan « Du pain pour tous, et des roses aussi » qui inspire James Oppenheim à écrire ce poème devenu l’un des hymnes préférés du mouvement syndical du monde entier. Quand le poème est publié de nouveau en 1912, le slogan est attribué à des militantes syndicales – et l’association reste.
Le poème d’Oppenheim a aussi été associé à la grève du textile de 1912 à Lawrence, souvent appelée grève « Du pain et des roses ». Dirigée par des travailleuses immigrantes, la grève a développé de nouvelles tactiques qui sont devenues des pratiques courantes pendant les conflits de travail, y compris le piquet de grève mobile permettant d’éviter les accusations de flânage.
Un nouveau souffle a été donné au poème par la résurgence du mouvement des femmes vers la fin des années 1960 et l’attention prêtée au rôle joué par les femmes dans l’histoire du mouvement syndical. En 1974, Mimi Fariña a composé la chanson désormais bien connue qu’entonnent couramment les femmes faisant partie du mouvement syndical.
Au Canada, le slogan est repris en tant que thème de la Marche Du pain et des roses et de la Marche mondiale des femmes qu’elle a inspirée.
La Marche Du pain et des roses, initiative de la Fédération des femmes du Québec, a commencé le 26 mai 1995. Au fil d’une période de 10 jours, plus de 800 manifestantes québécoises parties de Montréal, Longueuil et Rivière-du-Loup ont convergé sur Québec pour présenter au gouvernement neuf revendications visant à lutter contre la pauvreté.
La chanson-thème de la Marche, Du pain et des roses, composée par Hélène Pedneault et Marie-Claire Séguin, demeure un hymne des mouvements syndicaux du Québec et du Canada.
DU PAIN ET DES ROSES
(traduction du S.T.T.P.)
Pendant que nous marchons, marchons dans la beauté du jour
Un million de cuisines sombres, un millier de greniers mornes
Sont touchés par des rayons de soleil radieux et soudains
Alors qu’on nous entend chanter, du pain et des roses, du pain et des roses!
Pendant que nous marchons, marchons, nous luttons aussi pour les hommes
Car ils sont les frères des femmes et nous marcherons de nouveau avec eux
Nos vies ne seront pas passées à suer de la naissance à la mort
Le coeur a faim tout comme le corps, Donnez-nous pain, mais aussi des roses
Pendant que nous marchons, marchons, d’innombrables femmes mortes
Pleurent pendant que nous chantons, notre cri pour du pain
L’art, l’amour et la beauté que leurs âmes de servantes renfermaient
Oui, nous luttons pour du pain, mais nous luttons pour des roses aussi
Pendant que nous marchons, marchons, nous nous tenons bien droit
La montée des femmes est notre montée à tous
Finies les corvées et enfin on se repose
On partage les gloires de la vie du pain et des roses, du pain et des roses
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