Les travailleurs et les travailleuses du Canada contactent leurs députés au cours de la première semaine d’action virtuelle
Par Hassan Yussuff, tel que publié dans National Newswatch*
Pendant toute journée d’une année normale, la colline parlementaire grouille de personnes faisant du lobbying auprès de représentantes et représentants élus. Selon la commissaire fédérale au lobbying, 18 728 rapports de communication mensuels ont été présentés en 2019‑2020.
Ce rapports ont été produits principalement par des lobbyistes enregistrés rémunérés qui travaillent pour de grands entreprises.
Cette année, il y a beaucoup moins de réunions sur la colline, mais cela ne signifie pas que personne ne présente des points de vue à nos représentantes et représentants élus. Bien des points de vue leur sont présentés. Et nous voulons nous assurer que celui des travailleurs et travailleuses le soit aussi. Nous savons que de nombreux travailleurs et de nombreuses communautés du Canada ont des problèmes pressants qui empirent. Depuis six mois, des gens ont perdu leurs moyens de subsistance ou continuent de s’efforcer d’éviter le désastre sans cesser de se soucier de leur santé et de celle de leur famille.
Les travailleurs et les travailleuses veulent que les gouvernements prennent des décisions qui amélioreront leur vie et aideront le Canada à aller de l’avant. Ils veulent pouvoir compter sur le gouvernement pour ce qui est de prendre des décisions fondées sur les besoins des travailleurs et travailleuses ordinaires et de leurs communautés. Il suffit de regarder chez nos voisins du sud pour constater comme les choses peuvent mal aller quand les gouvernements laissent tomber leurs citoyens et citoyennes.
En 2019, une étude de l’OCDE a indiqué que la confiance dans les gouvernements diminuait dans le monde entier. En 2019, seuls 38 % des membres de la population canadienne ont dit avoir confiance en leur gouvernement. La bonne nouvelle est que la proportion a augmenté depuis que la pandémie a rendu plus important que jamais le rôle que jouent les gouvernements dans nos vies, selon un rapport du Centre Samara. Le taux de confiance dans les gouvernements est actuellement de 59 %. Il ne faudrait pas prendre cela pour acquis.
Un des meilleurs moyens de conserver la confiance est d’encourager la participation des citoyens et citoyennes à la prise des décisions.
C’est pour cela que nous organisons le premier effort de lobbying virtuel qu’est la semaine nationale d’action. Celle-ci donne à des travailleurs et travailleuses de tout le pays l’occasion de participer à notre démocratie, même en temps de pandémie. Nous aidons les travailleurs et les travailleuses à communiquer avec leurs représentantes et représentants élus pour faire savoir aux décideurs ce qui doit se passer dans leurs communautés.
Nous espérons que notre semaine d’action permettra des conversations qui favoriseront la confiance en notre démocratie et que cela ouvrira la voie à des conversations plus poussées. De plus, le partage des connaissances est indispensable à la confiance dans une démocratie, ce qui signifie que les représentantes et représentants élus devraient donner de l’information à leurs commettantes et commettants et répondre à leurs questions et que ceux-ci devraient savoir à qui poser des questions.
Après tout, la situation a tellement changé que nos députées et députés fédéraux doivent tendre l’oreille à leurs commettantes et commettants pour savoir sur quoi ils doivent mettre l’accent. Des millions de personnes qui avaient un emploi en mars comptent actuellement sur l’aide du gouvernement. À mesure que nous continuons à répondre à la crise et à nous diriger vers une relance, le ministre des Finances a indiqué que le gouvernement est disposé à accroître ses investissements et à faire des investissements à plus long terme afin de stimuler l’économie, puisque les taux d’intérêts sont plus bas que jamais.
Ce qui importe le plus à l’heure actuelle, c’est de nous assurer que le gouvernement injecte des fonds dans les secteurs où ses investissements bénéficieront le plus au plus grand nombre possible de personnes vivant au Canada. Le premier ministre parle de rebâtir en mieux, et il y a des priorités que l’actuel gouvernement ne saurait négliger s’il compte améliorer la vie des personnes les plus durement frappées par la pandémie.
Le gouvernement a indiqué clairement dans le discours du Trône de septembre qu’il est à l’écoute des préoccupations des travailleurs et travailleuses et de leurs familles. Ce discours promet des investissements permettant de créer des emplois, d’accélérer la mise en œuvre d’un régime national universel d’assurance-médicaments et de mettre l’accent sur les services de garde d’enfants et les soins de longue durée. Les travailleurs et les travailleuses de tout le Canada font confiance au gouvernement pour qu’il incorpore tous ces investissements au prochain budget fédéral et qu’il aille encore plus loin en portant le salaire minimum fédéral à 15 $ l’heure comme il a été promis avant la dernière élection fédérale.
Les personnes qui ont travaillé en première ligne sans équipement de protection individuelle approprié, celles qui ont vu leurs proches souffrir dans des foyers de soins de longue durée à but lucratif, les parents qui ont été laissés sans option en matière de garde d’enfants, et les femmes qui ont dû choisir entre leur carrière et leur famille après de si nombreuses années de progrès méritent de l’aide. Ces travailleurs et travailleuses savent à quoi les investissements doivent servir et leurs représentantes et représentants élus devraient le savoir aussi.
Ces personnes sont prêtes à raconter leur histoire directement aux décideurs. Il revient aux personnes qui prennent les décisions de les écouter attentivement et d’agir en fonction des intérêts des travailleurs et travailleuses du Canada et de leurs familles.
Hassan Yussuff est le président du Congrès du travail du Canada. Suivez-le sur Twitter @Hassan_Yussuff