Travailler ne doit pas faire mal : le droit à la santé et à la sécurité au travail devrait être fondamental
Les syndicats du Canada incitent le gouvernement fédéral à agir sans tarder dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail pour protéger les gens en milieu de travail au Canada. Ils incitent l’OIT à faire de la santé et de la sécurité au travail un droit fondamental.
Au Canada, plus de 1 000 décès attribuables au travail sont signalés chaque année et des centaines de personnes sont blessées ou tombent malades en raison de leur travail. À l’échelle mondiale, plus de neuf millions de personnes sont mortes par suite d’incidents ou d’expositions survenus au travail depuis trois ans. Les travailleurs et travailleuses marginalisés courent plus de risques que les autres.
« La pandémie a souligné l’importance de la santé et de la sécurité au travail et la responsabilité qu’ont les employeurs de maintenir leur personnel en sécurité. De nombreuses mesures de sécurité ne sont ni coûteuses, ni difficiles à mettre en place, mais elles exigent que les employeurs donnent la priorité à la prévention. Il est tout à fait inacceptable que, chaque année, plus de 1 000 personnes ne rentrent pas chez elles à la fin de leur journée de travail. De nombreuses autres doivent lutter toute leur vie par suite de blessures ou de maladies indépendantes de leur volonté simplement parce que leur employeur a rogné sur les coûts et fait passer les profits avant les personnes », dit Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada.
L’OIT doit choisir la santé et la sécurité au travail comme principe et droit fondamental au travail au cours de sa conférence qui aura lieu en juin cette année. Cela aidera à voir à ce que les pays membres – y compris le Canada – soient tenus responsables de la santé et de la sécurité au travail et cela les encouragera à y accorder la priorité.
Entre-temps, le gouvernement fédéral du Canada peut prendre les importantes mesures suivantes pour assurer la sécurité des travailleurs et travailleuses sur son territoire :
• Ratifier et mettre en œuvre les conventions fondamentales de l’OIT sur la santé et la sécurité;
• Ratifier et mettre en œuvre toutes les conventions sectorielles et propres à un danger;
• Ratifier la Convention no 190 de l’OIT sur la violence et le harcèlement pour voir à ce que les travailleurs et travailleuses aient droit à un milieu de travail dénué de violence et de harcèlement;
• Exiger que des services de santé au travail soient fournis à tous les travailleurs et travailleuses, y compris ceux de l’économie à la demande, et à ce qu’une indemnisation appropriée leur soit assurée s’ils se blessent ou tombent malades par suite de leur travail;
• S’assurer que les inspecteurs de l’État disposent des ressources nécessaires pour bien mettre en application la législation sur la santé et la sécurité.
En 2022, nous marquerons le 30e anniversaire du désastre de la mine Westray. Le 9 mai 1992, une explosion causée par une accumulation de méthane et de poussière de charbon est survenue à la mine Westray, dans le comté de Pictou en Nouvelle Écosse, tuant les 26 mineurs qui travaillaient sous terre. Cette tragédie a mené à l’adoption de la loi Westray qui permet de poursuivre les entreprises pour négligence criminelle.
Toutefois, il est rare que cette loi soit mise en application et que les accidents de travail fassent l’objet d’enquêtes sur la négligence des employeurs. Les syndicats du Canada luttent depuis longtemps pour que les incidents de travail causant des décès, des blessures ou des maladies fassent l’objet d’enquêtes approfondies visant à déterminer si la négligence de l’employeur a été un facteur contributif. Si un travailleur ou une travailleuse est grièvement blessé ou meurt par suite de la négligence de son employeur, celui-ci doit faire face à toute la rigueur de la loi canadienne et subir des sanctions pouvant comprendre l’emprisonnement pour son crime. Nous n’accepterons pas que mille travailleurs ou travailleuses ou plus continuent de mourir chaque année et que des milliers d’autres subissent des blessures ou des maladies qui altèrent la qualité de leur vie. Les employeurs souhaitant vraiment honorer leur obligation de protéger leur personnel et investir dans des mesures de prévention éprouvées ne peuvent que convenir que c’est inacceptable.
« Nous devons nous rappeler les mineurs en question et honorer leur mémoire en continuant à militer en faveur de la sécurité du travail. Il ne suffit pas que l’employeur qui cause du tort à des travailleurs ou travailleuses pas sa négligence n’encoure qu’une amende. Quel est le prix de la vie d’un travailleur ou d’une travailleuse? Les employeurs doivent être tenus responsables de toute mort, blessure ou maladie attribuable au travail. Nous devons nous efforcer de faire respecter les normes les plus élevées de santé et de sécurité dans tous les lieux de travail pour que les gens puissent rentrer chez eux sains et saufs à la fin de chaque journée de travail », dit madame Bruske.
Des événements du Jour de deuil auront lieu dans les différentes parties du pays. Trouvez un événement près de chez vous : https://congresdutravail.ca/events/jour-de-deuil-2022/