Davantage de « réels changements » doivent être apportés par le Canada en matière de droits de la personne
Il y a dix ans, le gouvernement du Canada a dû tenir une enquête publique sur le rôle joué par les représentants canadiens dans la détention à l’étranger et la torture d’un citoyen canadien, Maher Arar. L’enquête, présidée par le juge Dennis O’Connor, a révélé que nos propres services canadiens de sécurité et de police l’avaient accusé à tort de terrorisme et avaient ainsi contribué à l’enfer qu’il a connu.
Mais ce n’était pas le seul incident. Une deuxième enquête, présidée par le juge à la retraite de la Cour suprême Frank Iacobucci, a permis de découvrir d’autres cas où des Canadiens – Ahmad El Maati, Abdullah Almalki et Muayyed Nureddin – avaient été associés à tort au terrorisme, détenus et torturés à l’étranger. Ces hommes attendent toujours que justice leur soit rendue.
Il est important de se rappeler ces événements aujourd’hui, à l’occasion de la journée adoptée par les Nations Unies en 1950 et consacrée à la promotion et au progrès des droits de la personne, collectifs et individuels; la journée où nous reconnaissons le droit de chacun à être traité de manière juste et équitable, dans la dignité.
Comme notre pays s’apprête à accueillir des dizaines de milliers de Syriens et d’autres réfugiés dans nos communautés, il est important de se souvenir de ce droit fondamental à l’équité et à l’égalité.
Au cours de la dernière année, nous avons assisté à trop d’actes de violence et de haine envers des musulmans et d’autres communautés racialisées – envers des femmes qui raccompagnent leurs enfants à l’école, envers des gens qui ne font que travailler pour soutenir leur famille, tous motivés par la peur, par les préjugés et, à notre grande honte, par des allégations sans fondement et des insinuations aux motifs politiques venant de nos propres élus.
Mais il y a de l’espoir. Le nouveau gouvernement fédéral a promis un changement d’orientation. Le leadership dont il fait preuve dans ses efforts pour accueillir un si grand nombre de réfugiés au Canada au cours des prochains mois nous indique que le changement est déjà en cours. Il y a tout de même d’autres mesures que le gouvernement doit prendre.
Le gouvernement s’est engagé à entreprendre un examen et une refonte de la Loi C-51, la loi orwellienne de l’ancien gouvernement, une mesure qui s’impose et doit se produire rapidement. Il est aussi grand temps que des excuses et un dédommagement soient présentés aux Canadiens comme El Maati, Almalki et Nureddin, dont les vies ont été presque détruites par l’excès de zèle des agences de sécurité et la campagne de peur.
Bien que le récent discours du Trône définissant le programme gouvernemental n’ait fait aucune mention de l’un ou l’autre, nous espérons des avancées à cet égard bientôt.