Égalité des sexes

Les travailleuses et les travailleurs des postes font la grève pour le congé de maternité – et gagnent gros!

4 janvier 2019

Le 30 juin 1981, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes amène ses membres à faire la grève pour obtenir de meilleures prestations de congé de maternité. La grève dure 42 jours et change tout. Les membres obtiennent 17 semaines de congé de maternité payé et établissent ainsi une nouvelle norme en matière de prestations parentales à laquelle tous les travailleurs et les travailleuses obtiennent bientôt l’accès.

En 1981, à l’issue d’une grève de 42 jours, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), obtient 17 semaines de congé de maternité payé pour les travailleuses des postes de tout le Canada. L’obtention de congés de maternité payés plus longs que ce que prévoyaient les prestations d’assurance-chômage ne tarde pas à se répandre dans l’ensemble du pays.

Les prestations de congé de maternité payé – qui garantissent aux nouvelles mères un congé payé après lequel elles peuvent réintégrer leur emploi – n’avaient été instaurées qu’une décennie plus tôt. Avant cela, la nouvelle mère devait démissionner ou rentrer rapidement au travail si sa famille comptait sur son revenu.

Les premiers congés pour les nouvelles mères sont instaurés au Canada quand la C.-B. adopte la MaternityProtection Act en 1921. Cette loi permet aux femmes de prendre un congé d’une durée restreinte avant et après une naissance et rend illégal de les congédier pour leur absence. De plus, elle accorde une pause de trente minutes deux fois par jour pour allaiter un enfant au travail. Les employeurs ne respectant pas cette loi sont passibles de lourdes amendes.

Cela peut ne pas sembler très progressiste, mais ce l’était vraiment à l’époque. C’était la seule loi en son genre au Canada à ce moment-là et pour de nombreuses années après.

En 1940, la Loi sur l’assurance-chômage est adoptée au Canada. Elle ne prévoit pas de congé de maternité pendant ses premières décennies d’application. Le congé de maternité tel que nous le connaissons n’est instauré qu’en 1966 en C.-B.. Cinq ans plus tard, le gouvernement fédéral emboîte le pas à la province en amendant le Code canadien du travail.

Selon les dispositions de 1971 (en anglais seulement), les mères qui ont accumulé au moins 20 semaines de gains assurables peuvent demander un maximum de 15 semaines de prestations dans le cadre du Régime d’assurance-chômage. La décision d’assujettir les futures et nouvelles mères à un régime prévu pour les personnes en chômage a été pas mal controversée et elle faisait passer les congés de maternité de la compétence provinciale à la compétence fédérale dont ils relèvent de nos jours.

Vers le début des années 1960, à peine un peu plus de 30 % des femmes de 20 à 30 ans participaient à la population active canadienne. À la fin des années 1970, la proportion des femmes sur le marché du travail avait doublé pour dépasser légèrement  60 %. Actuellement, plus de 70 % des mères d’enfants de moins de cinq ans participent à la population active.

Les syndicats du Canada n’ont pas tardé à revendiquer des changements rendant les congés de maternité plus accessibles non seulement dans la législation mais aussi dans les conventions collectives. Ils ont négocié avec les employeurs pour obtenir des congés plus longs et des prestations constituant le complément de la partie de la rémunération à laquelle correspondaient les prestations d’AC. Ils ont en outre obtenu des garanties que les femmes pourraient réintégrer les emplois qu’elles occupaient avant leur congé de maternité, des congés parentaux plus longs pour les nouveaux pères et des congés pour les parents d’enfants nouvellement adoptés.

En 1979, le Front commun québécois, qui  représentait les travailleuses et travailleurs du secteur public, du secteur de l’éducation et de celui de la santé, a obtenu par la négociation 20 semaines de congé de maternité entièrement payé, 10 semaines de congé pour les parents d’enfants adoptés et 5 journées de congé de paternité.

Mais c’est la grève de 1981 des travailleurs et travailleuses des postes, dirigée par le STTP, qui s’est révélée déterminante. La tendance était claire : les travailleurs et travailleuses et leurs syndicats exigeaient des prestations de maternité élargies et ils étaient prêts à faire la grève pour les obtenir. L’année suivante, les commis fédéraux, qui faisaient partie de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) et les téléphonistes de Bell, qui faisaient partie du Syndicat des travailleurs et travailleuses en communication et en électricité du Canada (STCC), ont obtenu par la négociation collective des congés de maternité payés.

Les syndicats ne se sont pas arrêtés là. Des congés d’adoption, des congés de paternité et des congés parentaux – accessibles à l’un ou l’autre des parents – ont été négociés avec les employeurs. Il s’ensuit que le gouvernement fédéral a continué à améliorer les prestations de maternité et parentales offertes dans le cadre du Régime d’assurance-emploi.

Actuellement, les syndicats continuent de militer en faveur de l’amélioration de l’accès aux prestations parentales grâce à l’augmentation de l’accès aux prestations d’assurance-emploi et de l’accès de tous les travailleurs et travailleuses à des services de garde à l’enfance de qualité et à prix abordable. L’accès aux services d’éducation préscolaire et de garde à l’enfance présente des avantages qui débordent le cadre des familles comprenant de jeunes enfants. Le fait de permettre aux parents de réintégrer la population active et d’y participer pleinement stimule la productivité et comporte des avantages reconnus pour l’ensemble de l’économie.

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